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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

mercredi 27 mai 2009

DEMIURGES à Châtenay-Malabry

Quand on parle d'un film ou d'un spectacle, l'auteur refuse qu'on en dévoile la fin, pour préserver le suspense. Ici c'est le début qu'il ne faudrait surtout pas raconter. Les premières minutes sont extrêmement déroutantes ... sauf pour les spectateurs qui ont vu l'Augmentation, parce qu'ils ont déjà été confrontés au même phénomène. C'était hier, et il y a encore une représentation demain. Les créateurs ne tiennent pas à ce que des photos du spectacle circulent, histoire de laisser la surprise aux spectateurs. Il me semble que celle-ci pourtant respecte leur intention tout en suggérant quelque chose.
Mais avant que les comédiens ne procèdent au grand ménage il s'agit d'organiser le spectacle, autrement dit de raconter une histoire, ce qui est le propre de tout spectacle en fait. Deux voies sont possibles : le dépouillement ou la surcharge. Nos deux compères font très fort puisqu'ils réussissent à concilier la sobriété et la démesure dans un théâtre de l'extrême. C'est qu'ils ne sont pas superstitieux : les cordes tombent des cintres et ils vont s'y pendre comme d'autres tirent les cloches. Qu'est ce qu'il y a à gagner ? C'est la surprise comme lorsqu'enfant on décrochait la queue du Mickey. N'empêche que Denis Athimon et Julien Mellano sont tout de même prudents : ils sont coiffés d'un casque. Logique pour démarrer un chantier.

Chiche qu'ils sont capables de nous refaire le monde en une heure chrono en partant de rien. Avec trois fois rien. Et parfois plus tout de même. Jusqu'à ce que la scène soit totalement envahie. D'où le grand ménage à faire alors.

Il s'agit de réinventer la création du monde, rien de moins. D'où le titre du spectacle : Démiurges. Ces nouveaux dieux vont donc suggérer la lumière, l'eau, les plantes, l'homme ... enfin tout. Il y a de très belles images : les miroitements d'une boule de dancing sur les visages des spectateurs, le play-back de harpe avec un bout de corde. Il y a de la poésie. Il y a du spectaculaire aussi pour "ne pas perdre le public". Ces métrages de toiles cirée qui tombent du ciel recomposent une nature plus belle que dans la réalité. La fête foraine bat son plein. Il y a aussi un humour décalé, parfois corrosif. On ne peut pas oublier non plus que les comédiens sont avant tout des marionnettistes. (Certains spectateurs peuvent se souvenir de leur version trash de Hansel et Gretel au Festival Marto). Ils ne résistent pas à un petit numéro. Les gags s'enchainent sans faiblir. Jusqu'aux rebondissements de la scène finale ... (tiens voilà un jeu de mots qui leur aurait bien plu !) Satisfaits de leurs trouvailles ils viennent saluer sans s'inquiéter du bazar qu'ils laissent derrière eux ... en s'esclaffant "parce que c'est pas nous qu'on range".

C'est un spectacle soit-disant étiqueté "jeune public" et nous, les adultes, non seulement nous n'y avons vu que du feu, mais nous nous sommes régalés comme des gosses. Ce n'était pas la fin du monde mais la fin de la saison du Théâtre Firmin Gémier/ la Piscine. Dans un style qui assure parfaitement la transition avec le Festival Solstice qui marquera la seconde moitié du mois de Juin.


Coproduction Bob Théâtre / Théâtre Lillico de Rennes
tel 02 99 63 15 10

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