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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

samedi 26 septembre 2009

Le Chant du dindon, la nouvelle création du Cirque Rasposo

Ce n'était pas la toute première représentation mais la première pour la région parisienne et le public a été conquis par la performance de la troupe, hier soir, à l'espace Cirque d'Antony (92).

J'annonçais ce spectacle le 17 septembre car il me semblait que nous allions vivre un moment assez différent de ce que l'on peut voir classiquement au cirque, même sur une scène comme celle d'Antony où le public a désormais l'habitude d'être surpris.

L'étonnement fut effectivement au rendez-vous. On annonce chaque saison que le cirque a changé, et on épuise l'adjectif "nouveau" qu'on fait alterner avec "contemporain". Pour les Rasposo il va falloir créer encore une autre catégorie. Je proposerais celle de "cirque théâtral".

La mise en scène est extrêmement construite, à l'instar d'une pièce de théâtre, servie par de vrais décors et de magnifiques costumes. Les dialogues sont écrits, sauf que ce ne sont pas des paroles, mais des figures acrobatiques. Chaque artiste endosse le rôle d'un ou plusieurs personnages et le public est lui-même de la partie, appelé à faire de la figuration un bref instant, le temps d'élargir la scène.

Les musiciens sont alertes et déjantés. Il faut les voir jouer dans toutes les situations et positions possibles. Dieu que c'est résistant une contrebasse ! Il y a des animaux ... peu classiques au cirque : une souricette à la robe noire et blanche, de bons gros chiens, et bien entendu un dindon dodu, fort placide.

Les artistes sont surtout acrobates. Le travail du corps est exigeant et esthétique. Le tout dans une atmosphère gourmande, exaltée et fellinienne.
Les photos que j'ai prises n'en sont qu'un reflet estompé mais il y avait hier soir des photographes de presse qui se sont "régalés". Bientôt vous verrez dans les magazines des clichés très surprenants. Vous pouvez aussi visionner des extraits vidéo sur le site de la troupe. Mais vous pouvez surtout venir les voir en "vrai et en live" faute de regretter d'avoir boudé ce moment extraordinaire. Ne dites pas qu'on ne vous a rien dit.


Quoi ? Il vous en faut davantage ? Eh bien je vais raconter : les spectateurs s'installent alors que la troupe achève de dîner. L'orchestre commence à s'accorder. Vincent tire une corde de sa poche et distrait le premier rang en l'interrogeant : tu sais faire un nœud ? Puis hop, le nœud disparait. Le repas traine en longueur. Le clown entreprend d'accélérer les choses mais se prend les pieds dans les tréteaux et déploie son corps et son ingéniosité pour rétablir l'équilibre.

Joseph plie bagages, souricette cramponnée à ses cheveux. Julien déboule avec sa colère, prêt à en découdre avec le mât chinois qu'il aborde avec ses gants de boxe. Museau sur les pattes, regard blasé, son chien ne bronche pas.

Les spectateurs sont si proches qu'ils ont presque le nez sur scène. On voit bien qu'il n'y a jamais aucun trucage. Les prouesses sont grandeur nature. Les musiciens rivalisent d'imagination pour nous surprendre. Jusqu'à continuer à jouer en se laissant coincer entre deux chaises. Les acrobates déclinent jeux de mains et jeux de pieds, se renvoyant Marie de l'un à l'autre. Ma jeune voisine arrête d'envoyer des SMS à tout va et me questionne : j'y comprends rien. Elle les aime ou elle les aime pas ? Je souris, amusée qu'elle morde à ce point à l'hameçon, comme au cinéma.
Et voici le dindon qui met le premier rang en émoi avant un entr'acte qui permet de se rafraichir et d'échanger les impressions.

Qui permet aussi d'aller feuilleter, sous la seconde tente, le choix de livres d'Arnaud. Beaucoup de théâtres proposent des livres mais celui de l'Espace Livres d'Antony-Chatenay est toujours le fruit d'une sélection fine, et pas nécessairement onéreuse. Cette fois c'est Mon cirque de Xavier Deneux, éditions Tourbillon dont les tout-petits prendront plaisir à tourner les pages épaisses. Vous n'avez pas vu mon nez ? d'Antonin Louchard pour des enfants à peine plus grands. C'est un livre-jeu caché dans une boite qu'on dirait conçue pour des bonbons. Ce sont aussi des ouvrages sur le cirque de Calder (dont j'ai rendu compte sur le blog le 2 avril) et quelques autre encore.

Retour sous l'autre tente, laquelle en abrite une plus modeste, qui a des allures de tente dans le désert. Katell achève de se préparer, jouant du boa avec ses pieds, derrière un voile qui lui modèle la silhouette de Shéhérazade.

Les deux Vincent se chamaillent avec des cordes. Le lustre explose et se démultiplie. Jan jongle avec ses massues tout en domptant la lumière. Le clown devient franchement acrobate. Trop fort ! s'exclame ma jeune voisine. Marie devient fil-de-ferriste "comme sur la photo".

Le public est conquis et Fanny doit s'imposer pour dire quelques mots de remerciements. Il parait qu'il reste quelques rares places jeudi, et quelques autres mercredi. Rassurez-vous elles ne sont pas numérotées et sont toutes excellentes. Je ne vous ai rien dit de la manière du dindon de chanter ... c'est la surprise !

Pour tout savoir des spectacles de la Scène conventionnée d'Antony-Châtenay : 01 41 87 20 84
et www.theatrefirmingemier-lapiscine.fr
06 33 29 85 30 le jour des représentations, pour tout renseignement de dernière minute
• Le Chant du Dindon est donné à l'Espace Cirque, rue Georges Suant - 92160 Antony, du 25 septembre au 4 octobre à 20 heures (mercredi et samedi à 16 heures)
Navette gratuite depuis la gare RER d'Antony et le Théâtre La Piscine

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