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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

lundi 11 janvier 2010

Assez parlé d'amour, le Choeur des femmes et Lark et Termite

(billet mis à jour le 5 mars 2010)
Ces trois romans ont été envoyés aux membres du jury de mars du Grand prix des lectrices de ELLE et c'est un crève-cœur de devoir en éliminer deux (lire le billet du 27 décembre pour tout comprendre ou presque à propos du Prix). Qu'il est difficile d'être juré ce mois-ci !


Chaque nouveau chapitre d'Assez parlé d'amour me persuadait que j'avais entre les mains non seulement l'ouvrage qui allait passer le cap de cette sélection mensuelle mais carrément le Prix potentiel.

Je reviendrai demain sur ce livre étonnant.





Ensuite mon enthousiasme a été sans bornes pour le Chœur des femmes. Il fera l'objet de ma critique d'après-demain.




Je n'osais pas commencer Lark et Termite de crainte d'avoir encore un coup de cœur mais, par malchance pour lui d'ailleurs, et malgré ses qualités ce livre n'a pas su rivaliser avec les précédents. Enfin pour moi, parce qu'en final j'ai appris que c'est lui qui a réussi à s'imposer dans cet épisode de la compétition.

Le roman s’inscrit dans le douloureux rapport que les États-Unis entretiennent avec l’Histoire. On se souvient du désarroi des familles qui perdaient un fils dans les combats au Vietnam (1961-1973) et de l’engagement de personnalités comme Jane Fonda contre cette guerre. Il y avait eu auparavant la guerre de Corée, également très couteuse en vies humaines.

Le déclenchement exact de ce conflit a été controversé : attaque ou riposte contre un envahisseur … toujours est-il que William Faulkner, cité en exergue du livre, avait une juste vision de la réalité humaine en écrivant : Le champ de bataille ne fait que révéler à l’homme sa propre folie et son désespoir, et la victoire n’est qu’une illusion des philosophes et des idiots.

Il est souvent arrivé, dans cette guerre comme dans d’autres, que l’armée bombarde par erreur ses propres troupes. Les faits n’apparaissent que des années plus tard et c’est sur un tel épisode que Jayne Anne Phillips s’appuie pour bâtir la trame de son roman.

Le titre (qui est une fidèle traduction du titre original) induit en erreur. Lark et Termite sont deux enfants, la grande sœur et le petit frère, mais le roman n’est pas centré uniquement sur leur parcours, loin de là. Les personnages « principaux » sont multiples. Tous sont sur le même pied et la parole est assez équitablement répartie, si ce n’est celle de la mère qui n’intervient qu’au dernier chapitre.

Le lecteur est embarqué dans une histoire familiale très complexe qui se décrypte petit à petit au fil des récits de quatre d’entre eux qui se superposent un peu comme des dépositions. Plusieurs drames se succèdent, plus ou moins conséquents de la tragédie historique mondiale.
Jamais l’adage favori des psychologues, réclamant de « laisser le temps au temps » ne m’a semblé autant se vérifier. Le récit entrecroisé que font les protagonistes sur une décennie permet in fine de comprendre comment les faits se sont enchainés.

L’écriture est belle. Le style diffère selon la voix qui raconte. Le mode de vie familial dans la Virginie occidentale de la fin des années 1950 est sans nul doute rendu avec justesse. N’empêche que je ne me suis pas passionnée pour cette intrigue dont les ressorts ne m’ont guère surprise. Probablement parce que je venais juste d’achever un roman plus puissant (Un pied au paradis de Ron Rash, dont j'ai parlé le 30 décembre dernier) qui reposait sur un problème de filiation identique, avec un autre ancien soldat de la guerre de Corée. Le parti-pris littéraire de croiser les points de vue des personnages est également le même dans les deux ouvrages mais là encore j’ai trouvé moins de force dans Lark et Termite. Dommage !

Il y a un dernier aspect qui entre en ligne de compte lorsqu’on n’accède pas directement au texte original. La traduction affaiblit peut-être l’ouvrage. A commencer encore une fois par le titre qui n’a pas en français la poésie qui s’entend en anglais. L’insecte et l’oiseau m’aurait davantage touchée. Alors si le corps du roman a autant perdu sa force onirique on ne peut que formuler des regrets.

2 commentaires:

zarline a dit…

J'ai bien aimé Lark et Termite mais les chapitres sur Termite et les quelques répétitions m'ont posé problème. Au final, j'espère que Le Tellier sortira du lot.

Marie-Claire Poirier a dit…

Je suis d'accord

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