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dimanche 3 janvier 2010

Estampes, exposition de la Maison des Arts d'Antony (92)

Depuis le 12 novembre, la Maison des Arts accueille une exposition placée sous le signe de la diversité artistique de trois pays - le Danemark, la Hongrie et la Roumanie - et de la rigueur propre à l’estampe.

17 artistes de 3 ateliers collectifs de gravure européenne sont venus présenter leurs estampes originales.

L'atelier qui a ma préférence est celui de Bo Halbirk, un danois ... installé à Paris, dont le travail est une parfaite synthèse entre tradition et innovation.

C’est dans les années 1990 que les artistes danois prennent conscience du besoin de renouveau de l’estampe originale. Ils promulguent l’émancipation de toutes les traditions et s’ouvrent à l’expérimentation et à l’expression nouvelle. Le monde du cirque a inspiré des artistes de cet atelier ... Cette estampe là (sur la gauche) est intitulée humoristiquement La Sieste (1995)

Les techniques sont multiples pour des résultats très contrastés. Søren Bjaelde exécute ses gravures sur du bois. les tailles dans la matière restent apparentes sur le résultat final et le sens des fibres est nettement visible. Son sens de l'humour est plutôt décapant comme on peut en juger avec le Phare à Nolsot (50 x 50 cm, 2007)

Ou encore avec le Lit de James Joyce (54 x 44 cm, 2005)
L’eau-forte est un procédé de la gravure en creux sur plaque métallique par de l’acide nitrique étendu d’eau. Aujourd’hui, l’expression d’eau-forte s’applique également à d’autres mordants comme le perchlorure de fer. Quoiqu'il en soit l'eau-forte est ainsi appelée parce qu'elle brûle. Autrefois on parlait même d'eau de feu. Elle sent très mauvais et est très dangereuse à manipuler. Les plaques de zinc ou de cuivre sont vernies. le dessin est effectué à la pointe pour enlever le vernis protecteur et permettre à l'acide d'attaquer le métal juste aux endroits souhaités. Ce n'est pas parce qu'on laisse agir l'acide 30 à 45 minutes qu'un contact de quelques secondes avec la peau est sans danger. Les japonais travaillent toujours avec des gants et des masques mais les aquafortistes européens aiment tant les matières qu'ils emploient qu'ils n'en perçoivent plus les risques encourus et travaillent souvent sans protection.

Le chef de file du collectif, Torben Bo Halbirk, ose inventer de nouvelles techniques comme cette immense aquatinte sur plomb de 90 sur 100 cm, intitulée fort sobrement Fleur de plomb (2007) et qui est tout à la fois une épreuve et un tirage :L'aquatinte est un procédé dérivé de l'eau-forte qui permet d'obtenir une surface grainée composée de petits points et non de hachures (ou traits) grâce au saupoudrage de grains de résine de colophane sur la matrice préalablement chauffée. Ce sont ces grains de résine qui épargnent les petites surfaces du métal de la morsure de l'acide.

Le monotype est une image peinte à l'encre typographique, à la couleur, à l'huile ou à la gouache sur un support non poreux. L'épreuve est unique après un pressage manuel ou mécanique. C'est une manière extrêmement facile et non dangereuse d'initier les enfants à l'estampe. N'importe quel morceau de plexiglas, n'importe quelle gouache et n'importe quel papier autoriseront d'heureux résultats.

Le procédé de chine-collé utilise un fin papier qui est posé sur la plaque sur laquelle il se colle lors de l'impression. La texture et le détail de la plaque sont ainsi renforcés pour donner un effet particulier. C'est une des techniques que Catherine Poher combine à celle du monotype. Elle a aussi ajouté des empreintes à partir d'objets pour ce Paysage botanique III (2008)
La photogravure est un autre procédé. On peut employer plusieurs images photographiques. Charlotte Hjorth-Rohde en a utilisé deux pour Ciao (62,5 x 45 cm) qu'elle a réalisé en 2008 :
Les formats sont variés, les techniques sont complexes. On peut "simplement" utiliser des encres imprimées sur papier comme le fait Claus Handgaard pour After Giersing (45 x 35 cm, 2008)Il se dégage de ses œuvres une certaine noirceur mais l'artiste conserve un grand espace de liberté au spectateur en conservant une plage vide.

Deux salles présentent des estampes de Hongrie où il a fallu attendre les années 50 et la création de l’Association des graveurs hongrois pour que l’estampe soit reconnue dans ce pays à l’échelle nationale. Le savoir-faire individuel essaie de faire contre-poids contre l'idéologie de masse. les œuvres sont fortes mais je suis moins sensible aux images qu'elles évoquent que celles du collectif roumain.

Là aussi c'est la deuxième moitié du 20e siècle qui marque l’avènement de gravures autonomes et originales, bravant la dictature politique communiste qui contrôle le milieu artistique. J'ai retenu une eau-forte et aquatinte de Részegh Botond intitulée Play with the possible illustration of the poem pour sa belle dimension onirique. La photo est centrée sur la partie gravée mais elle se prolonge par une belle zone blanche où la main a calligraphié le titre ... en français !
Jusqu'au 17 janvier à la Maison des Arts, 20, rue Velpeau à Antony (92) Entrée libre

Photos non retouchées mais parfois déformées car prises de manière à limiter les reflets des vitres. J'espère que les artistes ne s'en offusqueront pas. Mon but est de donner envie d'aller sur place voir leurs œuvres.

A signaler aussi l'association Artothèque A Fleur d'Encre, créée par Bo Halbirk, ouverte au public depuis 2004, et qui permet pour une adhésion annuelle de 50 euros d'emprunter 2 œuvres tous les deux mois et de pouvoir les apprécier chez soi. 80/82 rue du Chemin Vert, 75011 Paris 01 43 55 92 37

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