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dimanche 21 février 2010

Le sens de la famille de A.M. Homes

J'avais aimé l'humour fou de Ce livre va vous sauver la vie, dont j'avais recommandé la lecture l'an dernier. La conversation entre le personnage principal en proie à une crise cardiaque et la secrétaire de l'équivalent du SAMU américain m'avait fait rire aux larmes malgré le sérieux de la situation. Le livre perdait en force dans la seconde partie mais il demeure dans la liste des ouvrages dont je plébiscite encore la lecture.

Ce ne sera pas le cas du Sens de la famille que j'ai ouvert avec confiance et refermé le jour-même . Un dimanche après-midi pour résumer une vie c’est court et long à la fois. Malgré une lecture attentive et exhaustive je ne suis absolument pas convaincue qu'il ait un quelconque intérêt hormis pour l'auteur ... et sa maison d'édition qui nous a pourtant habitués à des œuvres plus puissantes.

J’ai tout de même apprécié la première partie, très vivante, où l’auteur, à moins que ce ne soit la traductrice, s’emberlificote entre sa maman et sa mère. Les quelques images troublantes comme le tristement fameux pull en cachemire marron ou leur manie commune de mettre leur argent dans la poche de leur jean. Encore que si on lançait l'enquête on découvrirait que des milliers de personnes font cela sans avoir une quelconque parenté ... Admettons au bénéfice du doute que cette subtilité indescriptible de la biologie puisse effarer, comme elle l'écrit page 109. Le dernier chapitre relance astucieusement le débat entre l’inné et l’acquis en nous démontrant que sa fille biologique ressemble à sa grand-mère adoptive.

Entre les deux j’ai eu le sentiment d’être huissier d’un déballage qui ne me regarde pas, et qui plus est ne me concerne pas. Si elle n’avait pas été écrivain elle ne nous aurait pas livré cette part de l’intime qui à mon sens doit le rester. Il me semble logique qu’il y ait toujours une part d’autobiographie dans un roman puisque la réalité nourrit la fiction. J'admets aussi que l'annonce prise de plein fouet à plus de 30 ans ait été un cataclysme. A.M. Homes se décrit comme une amnésique qu’on réveille, à la recherche de son hardware (page 37). L'expression est jolie, l'écriture est chirurgicale mais la logorrhée est fatigante.

Toutes les recherches électroniques m’ont lassée. Les arcanes généalogiques sont connues et l'importance de Salt Lake City n'est pas un scoop. Quand bien même on n'en fera rien puisque A.M. Homes ne fournit même pas leur adresse.

Je crois qu'il faut revenir à la question basique : qu'est ce qu'un "bon" livre ? Si l'écrire a fait du bien à son rédacteur, tant mieux, surtout s'il lui a évité une couteuse psychanalyse. Mais la finalité doit être de convenir au lecteur. Et je suis désolée de vous dire que ce livre ne m'a rien apporté, à la mince exception des quelques pages de fiction sur les conversations imaginaires entre les parents qu'elle vient de se découvrir. Mais ce serait plus intéressant encore en pur roman. Pourquoi avoir cherché à signer une forme autobiographique ? Par quel souci de vérité ? Chacun son histoire et ce n'est pas parce qu'on est écrivain qu'on doit tout écrire.

D'autres jurés, comme Sandra, en font une critique quasi élogieuse. Si des contradicteurs veulent me prouver que j'ai eu tort je ne m'en offusquerai pas. Et j’attends son prochain roman, que je voudrais traversé par l’humour fulgurant du précédent.

Trêve de plaisanterie il y a dans la catégorie Document du Prix des lectrices de ELLE un autre livre autrement mieux écrit sur un sujet comparable avec l'Homme qui m'aimait tout bas d'Eric Fottorino. La marée de la rentrée littéraire l'a peut-être un peu repoussé mais il mérite qu'on tende le bras vers lui.

Le sens de la famille de A.M. Homes chez Actes Sud

1 commentaire:

valérie a dit…

Je n'ai déjà pas été sensible au livre de Fottorino, alors je passe.

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