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dimanche 14 août 2011

Khatia Buniatishvili enchante l'Orangerie de Sceaux (92)

Pour son 1451° concert, le Festival de l'Orangerie de Sceaux avait invité samedi 13 août Khatia Buniatishvili, une artiste géorgienne de 24 ans dont tout le monde a compris le temps d'une mesure qu'elle était davantage qu'une promesse de grand talent.

Le disque qu'elle a enregistré sur Franz Liszt il y a quelques mois à Berlin pour Sony musical était déjà en rupture et seules les personnes qui avaient pu l'acquérir précédemment ont eu le privilège de se le faire dédicacer en fin de concert.
Elle a tout pour plaire : un passé d'enfant prodige puisqu'elle a été initiée au piano par sa mère à l'âge de 3 ans, des récompenses multiples, un port de reine, un sourire gourmand, la capacité de soutenir une conversation dans 5 langues différentes dont le français qu'elle parle admirablement. Avec en prime une simplicité qui contraste avec son avenir de star. Elle était venue accompagnée de sa sœur, Gvantsa, également pianiste, avec laquelle elle jouait déjà enfant des quatre mains.

On raconte que Franz Litszt cassait parfois jusqu'à 3 ou 4 pianos par concert, jusqu'à ce qu'il joue sur un Steinway. C'est bien entendu sur un instrument de cette facture que la pianiste a joué hier. Car ce qui est le plus admirable, c'est sa façon de jouer. Avec légèreté, douceur comme avec puissance ou furie. Et surtout avec un engagement total.

Khatia Buniatishvili ne produit pas des sons du bout des doigts. C'est le corps tout entier qui est convoqué, sans aucune pause. Elle joue les yeux fermés, sans partition, courbée sur le clavier ou la tête basculée en arrière, visage offert à la chaleur du projecteur. La danse de ses mains se reflète sur le couvercle. Elle donne à voir comme à entendre.

Son interprétation de la Fantaisie en ut majeur, opus 17 de Robert Schumann (1810-1856) a révélé une gamme de sentiments contrastés offrant de multiples facettes d'un romantisme qui imposait à l'assistance de retenir son souffle.

Suivit la Ballade n°4 en fa mineur, opus 52, de Frédéric Chopin (1810-1849). Le compositeur y superpose deux thèmes, l'un triste et le second plus serein, et Kathia rend à la perfection cette alternance de sentiments.

Après une pause mérité la seconde partie enchaina avec célérité sur une autre composition de Chopin, le Scherzo n°3 en do dièse mineur, opus 39.

Ce furent ensuite les Trois mouvements de Pétrouchka qu'Igor Stravinsky (1882-1971) a conçu dix ans après son ballet, en 1921, pour donner aux virtuoses du clavier l'occasion de faire briller leur technique. C'est dire combien ils conviennent au tempérament et à la sensibilité de l'artiste.

La pièce débute par un allegro qui, dans le ballet, est la Danse Russe des trois pantins. Ce mouvement est suivi de la scène intitulée la Chambre de Petrouchka. Dans le troisième mouvement, la Semaine grasse, on devine le brouhaha de la foule en liesse, le tintamare de la fête foraine brusquement interrompue par une série de divertissements. On reconnait la ronde des nourrices, l'entrée des tziganes, les danses populaires qui annoncent une vive allégresse dans un enchainement de cascades de notes.

Khatia Buniatishvili n'a pas pu se soustraire à un rappel enthousiaste. Elle nous a offert comme une caresse le Rêve d'amour de Franz Litszt (1811-1886), confirmant qu'elle en est une des grandes spécialistes. Je vous propose de l'écouter et de la regarder. Vous ne pourrez plus l'oublier ! Il suffit d'ouvrir le lien attaché à la photo ci-contre.

Khatia Buniatishvili - Franz Liszt. Lieberstraum-Notturno, Sonate en si mineur, Mephisto waltz, Lugubre gondole, Prélude et Fugue d'après Bach. Sony musical, 2010

Le 42° Festival de l'Orangerie de Sceaux se poursuit jusqu'au 4 septembre. Pour connaitre la suite du programme suivre le lien

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