Publications prochaines :

La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

lundi 26 décembre 2011

Une étoile et moi, avec Isabelle Georges au Théâtre Antoine

J’ai découvert Isabelle Georges avec Padam padam alors qu’elle était déjà une artiste reconnue. Le succès de ce spectacle musical fut énorme. Mais ce n’était pas le premier.

Une étoile et moi avait été créé auparavant par le duo qu'elle forme avec Frederik Steenbrink. Très applaudi aux Pays-Bas, en Angleterre et en Australie, le spectacle a été joué déjà plus de 500 fois, permettant d'ailleurs à Isabelle Georges de remporter le Fringe Report Award de la Meilleure chanteuse au Fringe Festival d’Edimbourg.

Le public français méritait bien de bénéficier de quelques représentations exceptionnelles qui se poursuivent jusqu’au 31 décembre au Théâtre Antoine. Dépêchez-vous, cette fois il n’y aura pas de reprise, du moins rien n'est prévu dans un proche avenir car les artistes, qui ont un magnifique cursus, murissent d’autres projets.

C’est par le biais d’un regard émerveillé de petite fille, qu’Isabelle a trouvé sa voix grâce à une figure mythique… celle de Judy Garland, ce qui valait bien un hommage. Elle explique en effet combien l'univers de la comédie musicale et en particulier l'énergie dégagée par Judy Garland lui a permis d'avoir la force de supporter une enfance passée à l'hôpital Necker, avec des tuyaux partout, mais qui n'a en rien entamé sa bonne humeur, se jurant, une fois grande, de devenir elle aussi "performer".

Le spectacle qu’elle a conçu avec Frederik Steenbrink entrecroise la danse et la musique pour restituer les plus grands airs des comédies musicales de la Metro Goldwyn Mayer : Over the Rainbow (Le Magicien d’Oz), The Trolley Song (Le Chant du Missouri), The Man That Got Away (Une étoile est née)...

On ne sait pas toujours quand Isabelle s'exprime en son nom et quand elle joue le rôle de la star américaine, mais peu importe. On comprend vite quelles similitudes et quelles divergences existent entre leurs deux parcours. La française ne prétend pas retracer une biographie exacte. Elle a choisi ce qui l'a le plus émue. La clé, pour comprendre la trajectoire tragique de Judy Garland, c'est sa quête d'amour qui, à chaque fois se brise sans pour autant l'anéantir ... enfin jusqu'à un certain point.

Mademoiselle Gumm, alias Judy Garland, a été propulsée sur la scène à l'âge de trois ans pour danser, chanter et jouer la comédie, ce qui ne serait plus possible aujourd’hui où des lois protègent les mineurs de la surexposition médiatique. A cette époque là aucune barrière ne s’interpose entre cet enfant et la pression des studios et l’idolâtrie du public.

Comme tant d’autres qui sont trop tôt montés sur la scène, comme Mickael Jackson, Amy Winehouse … qui ont en commun de n'avoir pas eu de structure familiale assez solide, la jeune Frances Ethel sera un colosse aux pieds d’argile, fonctionnant à coups d’amphétamines et de barbituriques, se conformant aux exigences des producteurs pour assurer jusqu'à 5 représentations quotidiennes, maigrir quand il le fallait, et dormir quand on l'autorisait à le faire. Elle grandit bourrée de pilules, et sans bisous de sa mère. Ce qui n'a n'a jamais fait défaut à Isabelle. La différence est de taille.
Isabelle est admirative de Judy à plusieurs titres. Sa loge est tapissée de photos et d'affiches des spectacles de l'époque. Point d'envolée sur un vélo de sorcière mais une personnalité qui ne manque ni de cœur, ni de cerveau, ni de courage.
Sur scène elle porte des chaussures rouges, bien sur en référence à la paire de trotteurs de Dorothy dans le Magicien d'Oz. Celles de la française ne sont pas magiques mais elle danse des claquettes avec bonheur en interprétant Make someone happy. Elle nous rappelle les grands moments où Judy dansait avec Fred Astaire.

Elle est très à l'aise pour chanter en anglais, dans une prononciation qui nous aide à comprendre les paroles. Elle passe de la gamine facétieuse dans une joyeuse interprétation de Be a clown en tutu à la femme fatale de By myself dont les paroles résonnent avec acuité. Elle dit clairement qu'elle poursuivra désormais sa route toute seule, privée d'amour, mais avec toujours la volonté de chanter.

Comme le rappelle Isabelle, pour les artistes le spectacle ne s'arrête jamais. C'est la fameuse injonction : Show must go on !

Formidablement accompagnée par Frederik Steenbrink au piano, et dans quelques dialogues chantés, elle rend palpable la souffrance mais aussi le talent de Judy Garland. Elle évoque un seul de ses 5 maris, le plus important, Vincente Minelli, avec qui elle a eu Lisa dont la photo, bébé, s'affiche plein cadre sur l'écran de fond de scène.

Vincente et elle sont vraiment tombés amoureux malgré le penchant qu'il avait pour les hommes. Il l'a trouvé magnifique et le regard qu'il posait sur elle l'a effectivement rendue belle. Elle a été une des premières à défendre les droits des homosexuels mais réaliser concrètement que son mari la trompait change tout, ce qui est subtilement suggéré dans le spectacle. L'emblème du Rainbow Flag, choisi par la communauté LGTB est directement lié à son combat, en référence au Magicien d'Oz.La Piaf américaine, comme elle fut surnommée, mourut d'une intoxication médicamenteuse le 22 juin 1969. Elle n'avait que 47 ans.

Les coïncidences de la programmation sont aussi étonnantes que les hasards de la vie. Le Théâtre Antoine propose à 21 heures Hollywood, une pièce de Ron Hutchinson, mise en scène par Daniel Colas où il est fait allusion plusieurs fois à Judy Garland ...

Isabelle et Frederik ont déjà au moins trois projets, dont une comédie musicale où, cette fois, il se pourrait qu'un violoncelle rejoigne le piano sur le plateau. Encore une belle histoire de femme un peu scandaleuse. L'année 2012 sera belle pour la compagnie Comme si. Nous reverrons donc prochainement les artistes sur scène.

Une Étoile et moi
Production de la Compagnie Comme Si / Production exécutive Josette Milgram-Todorovitch / Avec la complicité d’Éric Métayer - Chorégraphies : Victor Cuno - Costumes : Michel Dussarat - Lumières Fréderic Millot - Son : Eelco Coster - Adaptations françaises : Stéphane Laporte et Yves Lecordier
Du 1er décembre 2011 au 31 décembre 2011, du mardi au samedi à 19h - Les dimanches à 18h
Théâtre Antoine : 14 boulevard de Strasbourg 75010 Paris (M° Strasbourg Saint-Denis - Château d’eau)
Informations : réservations : 01 42 08 77 71 - theatre.antoine@wanadoo.fr

www.theatre-antoine.com
www.uneetoileetmoi.com

Les photos qui ne sont pas logotypées
A bride abattue sont de Ron Tutten Baarn.

Aucun commentaire:

Articles les plus consultés (au cours des 7 derniers jours)