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lundi 2 juillet 2012

L'été de la deuxième chance de Elin Hilderbrand chez Jean-Claude Lattès

L'année dernière c'était la Femme au miroir d'Eric-Emmanuel Schmitt que je recommandais d'emporter dans sa valise. Cette fois ce sera l'Eté de la deuxième chance.

Parce que cela se passe en période estivale et que nous en sommes un peu trop frustrés en ce moment ... Je vous suggère de vous mettre à la lecture sans attendre la fin du mois d'août. Autant rêver ... Vous allez voyager sur Nantucket, qui est une île autrement plus "chic" que Oléron ou Ré, pour pas un sou de billet d'avion, ce qui est appréciable avant la rentrée annonciatrice de vaches maigres.

Si j'ai adopté le ton de la dérision, peu habituel sur le blog, c'est pour mieux vous préparer à entrer dans l'histoire. Parce que de prime abord les soucis d'une millionnaire et de sa riche copine vous sembleront à des années-lumières de vos préoccupations quotidiennes. Mais très vite vous allez compatir et partager les craintes et les espérances des deux amies.

Meredith et Constance, Connie pour les intimes, sont des amies d'enfance qui se sont perdues de vue suite à une solide brouille. Leurs vies ont bifurqué et elles ne se sont jamais recontactées pour faire la paix. Meredith est richissime, ou plutôt était, parce que son maudit Freddy de mari a conçu un schéma de Ponzi de 50 millions de dollars qui vient de s'écrouler. Epouse naïve mais pas complice, Meredith allait être engloutie par le scandale quand Connie a accepté de la recueillir, le temps de parvenir à défendre sa position.

Encore faudrait-il qu'elle se souvienne de détails qui permettront à la police, par l'intermédiaire de ses avocats, de remettre la main sur les sommes que son mille fois maudit d'époux a du planquer quelque part.

Le sujet n'est pas si éloigné de la réalité. Il suffit de repenser aux récentes affaires boursières. Mais son intérêt est surtout de démontrer le pouvoir de l'amitié, et de passer un moment de lecture fort agréable.

L'auteur alterne les chapitres en les écrivant du point de vue de Meredith puis de Connie, en décrivant les mêmes évènements, ce qui fait que l'on est bien en peine de prendre parti définitivement pour l'une ou pour l'autre.

On se retient parfois de plaindre cette pauvre Meredith qui aurait pu s'alerter de la présence assidue dans son foyer de la décoratrice d'intérieur Samantha, rencontrée par hasard au pied de l'ascenseur, et trop opportuniste pour être honnête. Mais surgissent alors des souvenirs qui vous tirent les larmes. Le père de Meredith pèse de son ombre tout comme la mère de Connie.

Les deux femmes ont en commun d'avoir perdu leur mari, de n'être pas guéries de leur enfance, et d'avoir des soucis avec leur progéniture. Connie a promis de tirer Meredith du pétrin, lequel moud un grain de plus en plus fin, si bien qu'on doute de l'issue. Le livre abonde de scènes d'horreurs qui donnent le frisson, tout en l'éloignant du roman à l'eau de rose qu'il aurait pu être.

On se prend au jeu. On ne serait pas contre la rencontre d'un veuf aussi séduisant et aussi patient, ni même d'un garde-cote protecteur. On aimerait surtout nous aussi se faire dorloter par cette ange de Connie, superbe à damner un saint, véritable aimant pour le sexe opposé, qui plus est, maitresse de maison irréprochable, divine cuisinière, capable de transformer le moindre sandwich en assiette haut de gamme. On se surprend à saliver, à rechercher dans notre grenier un vieux disque de Simon & Garfunkel pour réécouter Bridge over trouble water, et on regretterait presque de ne pas avoir de gros soucis pour prétexter l'envoi d'un SOS.

On se laisse emporter au bord de l'océan, sur cette plage idyllique qui est bien au-dessus de nos moyens et qu'Elin Hilderbrand connait par coeur puisqu'elle y habite. On s'amuse des références parisiennes un peu cartes postales, comme l'était le film de Woody Allen sur la capitale. Cà au moins ne provoque aucune nostalgie. On pourra même achever la lecture du roman sur un transat de Paris plage ... à l'ombre d'un grand parapluie.

L'été de la deuxième chance de Elin Hilderbrand, traduit de l’anglais par Carole Delporte, chez Jean-Claude Lattès, juin 2012

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