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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

dimanche 30 septembre 2012

Cueillette de fruits et de légumes en plein champ

La météo est ce qu'elle est, variable, et notre humeur s'en ressent. Il devient urgent de faire fondre le stress. Alors, dès que le soleil se profile entre deux ondées il n'y a pas à tergiverser. Mettre le cap vers une cueillette en plein champ devient une évidence. Une façon comme une autre de faire du sport "utile".

Je ne vais pas donner ici les adresses de l'une ou de l'autre. Mon intention n'est pas de faire la publicité d'un site en particulier mais de vous montrer qu'on peut voir les fruits et les légumes sous un autre angle que ce que proposent les étals des marchands de quatre saisons.

Ne comptez pas faire des économie s si vous vivez en région parisienne. Les dirigeants ont fait leurs calculs pour évaluer le manque à gagner entre ce qui est consommé sur place, ce qui est saccagé, ce qui est abandonné en pleine nature pour des raisons minables, ce qui n'arrivera jamais à maturité ... les prix au kilo sont un tout petit peu en deçà de ce qui est pratiqué en grande surface à qualité équivalente. Mais acheter des pommes qui ont voyagé en avion, çà n'est plus très tendance.

Juste quelques conseils avant de vous précipiter. Chaussez les sabots en plastique des jardiniers parce que les roues des tracteurs laissent souvent dans les allées des empreintes pleines de boue. Prévoyez un tablier avec une grande poche (pratique pour y glisser le téléphone pour rester en contact avec vos "amis" de F ... si vous ne pouvez vous en passer, mais surtout pour l'arme indispensable du cueilleur : le couteau).

N'hésitez pas à prendre une brouette s'il y en a à disposition. Ce sera moins fatiguant de trimballer vos achats avec cet engin plutôt que de porter les sacs "à bras". Ne sous-estimez pas le poids de tout ce qui va vous tenter.


Goûtez et regoûtez, le prix de vente est calculé en conséquence. Et comme vous allez viser l'heure creuse (pile entre 12 heures 30 et 15 heures, juste avant que la cohue atteigne le niveau d'un jour de soldes sur les Champs .... Elysées) vous n'aurez pas eu le temps de déjeuner avant. Vous ne regretterez alors pas ce couteau qui vous aura aidé à couper les aubergines, trancher les bulbes de fenouil, les pieds de salade ... et éplucher les pommes.

Parce qu'on ne se fait tout de même pas d'illusion, tous ces aliments ont été plus ou moins arrosés de produits chimiques. Ils sont "si beaux". Et si vous tenez absolument à croquer la pomme avec sa peau pour ne pas perdre une seule de ses vitamines munissez vous d'une bouteille d'eau pour la doucher auparavant.
Vous voilà équipés. C'est parti. Si je vous ai montré les pommes en premier c'était parce qu'elles représenteront le poids le plus important de votre récolte. Elles se conservent 3 à 4 mois alors autant y aller franco. Personnellement j'en ai ramené 25 kilos, mais répartis entre 6 ou 6 variétés différentes, au fond cela ne fait que quelques fruits de chaque. Et puis j'en ai fait profiter mon entourage au retour. Il faudra bientôt que j'y retourne si je veux en avoir encore pour faire des tartes Tatin en décembre.
On parlera pommes dans le détail dans un autre billet. Passons à ces drôles de petits fruits que ma fille a confondu avec les mirabelles. Ce sont des tomates cerise, d'un jaune éclatant, et qui remplissent très vite un sac sans fatigue parce qu'elles sont à portée de main.
C'est une autre affaire avec les cornichons parce qu'il faut quasiment avoir le nez dessus pour les voir, qu'ils sont pleins de poussière et que les mettre en bocal ne va pas être de tout repos. Je vous raconterai cet épisode un jour prochain.
Oublions les tomates coeur de boeuf. Encore vertes. Encore rondes.
Avec les aubergines on ira vite à les sélectionner, pourvu qu'on les repère, cachées sous les feuilles.
On se conduira en client responsable en ne raflant pas les fleurs de courgettes et en coupant ces légumes à taille convenable, au moins 20 cm. Un panneau rappelle l'interdiction mais j'en ai vu qui ne se privaient pas.
Les mûres, on oubliera pour cette fois. Elles ne le sont pas ... mûres, et quand bien même, elles n'ont vraiment aucun parfum comparativement à celles qu'on trouve dans les broussailles en bordure de route. Leur seul avantage est de n'avoir pas d'épines. Mais cela nuit à la poésie.
A l'inverse les fenouils embaument. L'odeur d'anis vous saisit à quelques mètres du champ qui ondule sous la légère brise. Une belle découverte qui ne fait pas regretter d'avoir songé au couteau pour en croquer sans attendre.
L'outil sera bien utile pour déterminer quelles variétés de pomme on va privilégier. Parce que la brouette commence à peser, et les bras à fatiguer. D'autant qu'on regrette de n'avoir pas ajouté un marchepied à la liste des fournitures. Les fruits sont soit à terre et on hésite (à 2 euros le kilo tout de même) à ramasser de la future compote, soit très très haut dans les branches.

On s'interroge aussi sur la taille des fruits. Sont-ils meilleurs gros ou petits ? Lesquels se conserveront le mieux ?
En attendant de vous en dire plus sachez que la Melrose est un bon compromis pour touts ceux qui aiment les pommes colorées, juteuses, à peine acidulées.
Pour ce qui est des potirons, courges et autres cucurbitacés on ne va pas s'embêter. On les choisit dans les grandes caisses qui sont à coté de la sortie. Ils sont au même prix qu'en plein champ et on n'aura pas eu la peine de les trimballer d'une parcelle à l'autre. J'ai privilégié ceux qui n'ont pas besoin d'être épluchés et qui vont cuire avec leur peau. On peut faire de délicieux plats avec. Il y a quatre ans (déjà) je proposais deux recettes avec la butternut (blanc) et le potimarron (orange). Bientôt je me risquerai à cuisiner la sucrine du Berry (verte).
On aura mis quelques heures à sillonner les allées mais au moins on aura pris un bon bol d'air et apprécié un des derniers jours ensoleillés de cet automne pourri par ailleurs. On fera simple pour le dîner. Un bouillon de légumes avec des pluches d'herbes aromatiques, ou même les fanes d'un bulbe de fenouil. Dimanche prochain, c'est votre tour.

samedi 29 septembre 2012

Le repas des fauves revient au Théâtre Michel

J'ai vu tout à l'heure avec joie les affiches dans le métro. Cet excellent spectacle se réinstalle au Théâtre Michel jusqu'au 19 janvier 2013 après avoir tourné un peu partout en région. Allez-y si vous ne l'avez déjà vu. Je n'en dirais que du bien, en répétant les compliments que je faisais il y a un peu plus d'un an.

J'avais rencontré Julien Sibre le metteur en scène lors de la cérémonie des Molières et j'avais parié qu'il emporterait au moins une statuette.

Vous pouvez relire ici la chronique du spectacle si vous avez le moindre doute.

vendredi 28 septembre 2012

Le magasin des suicides, le film de Patrice Leconte

On savait l'humour de Patrice Leconte attiré par la noirceur autant que par la dérision. Il suffit de se souvenir de Tandem et du Dîner de cons. Rien de surprenant à ce qu'il ait eu envie d'adapter le Magasin des suicides de Jean Teulé que j'ai pour ma part découvert très récemment.

Il m'arrive de ne pas déterminer s'il est préférable de lire le livre avant de voir son adaptation au cinéma. En général j'apprécie les deux. Cette fois je n'hésite pas. Allez au cinéma et plongez vous ensuite seulement dans le roman.

Je ne veux pas juger le travail de Patrice Leconte, probablement inspiré par Tim Burton, qui réalise ici son premier film d'animation. Il est certain que c'est une prouesse, que l'objet est magnifiquement harmonieux, etc ... etc ... mais je n'ai pas retrouvé l'atmosphère que mon cerveau avait construite à la lecture.

Pire, le second degré, évident dans l'écriture de Jean Teulé, devient moins apparent une fois mis en images. Le genre chancelle constamment vers la comédie musicale et je me demande quel est l'âge du public ciblé. J'en viendrais presque à exprimer selon l'expression consacrée des regrets éternels ...

Pour rester dans le registre du macabre je vous recommande plutôt d'aller voir M. Lazhar. C'est loin d'être l'histoire d'une résurrection réussie mais c'est un film dont on ressort bouleversé.

jeudi 27 septembre 2012

Le monde à l'endroit de Ron Rash au Seuil

J'avais beaucoup aimé Un pied au paradis, du même auteur, découvert l'année où je fus juré du Grand Prix des lectrices de ELLE. Ce premier roman avait été publié aux éditions du Masque. Il y eut ensuite Serena, puis maintenant le Monde à l'endroit, toujours traduit par Isabelle Reinharez dont je louais la justesse de ton en 2009.

Par contre l'éditeur a changé. Si les deux premiers ont été catégorisés romans policiers voilà ce troisième roman publié en français au Seuil, mais il demeure un roman noir, voire même très noir. Et pourtant ce n'est pas la lumière qui manque dans les descriptions des paysages. La nature est omniprésente, tant végétale qu'animale, justifiant que le paysage marque le destin. La couverture choisie par l'éditeur français est nettement plus représentative de l'univers de l'auteur que celle qui est employée aux Etats-Unis.

Ron Rash situe encore ce roman dans les Appalaches, que l'on dit peut-être plus anciennes que les Alpes, les Andes ou l'Himalaya. Ses personnages sont toujours marqués par une guerre. Cette fois ce n'est pas la Corée mais un conflit plus lointain qui s'est déroulé dans ces montagnes, et entre frères, puisqu'il s'agit de la Guerre de Sécession que l'on s'aperçoit connaitre très mal et que l'on associe de façon restrictive à la Caroline, mais du Sud d'Autant en emporte le vent.

Dans les Appalaches du Sud, et beaucoup de gens l'ignorent, un grand nombre de personnes se sont battues pour les armées de l'Union et non pour les confédérés (majoritaires en Caroline du Nord), d'abord parce qu'il y avait peu d'esclaves dans ces montagnes. Ce conflit dont on voit encore les traces dans le paysage marque toujours les esprits un siècle plus tard. Un régiment de confédérés arriva un jour de 1863, à Shelton Laurel, entoura 13 hommes et les tua un par un, avant de les enterrer dans une tombe unique. Ce massacre qui a eu lieu en 1863 a inspiré Ron Rash qui y a vu la source d'un drame familial.

Le poids du passé imprègne toujours les romans de cet auteur qui faisaient peser d'anciennes superstitions indiennes sur la destinée des personnages de Un pied au paradis.  Les corps sont une nouvelle fois meurtris (on a décidément la jambe fragile quand on traverse un roman de Ron Rash) comme si c'était le prix à payer avant d'atteindre l'équilibre à condition de témoigner une force de caractère hors du commun.

On pense aux monts Ozark de Winter's bone, ou Un hiver de glace qui est un autre récit d'initiation, et qui se déroule lui aussi dans un huis clos où les gens vivent en autarcie comme dans un piège. Au sens propre comme au sens figuré.

Travis Shelton a 17 ans, et c'est un mordu de pêche à la truite. Il découvre un jour des plants de cannabis au-dessus de la rivière et décide, ni vu ni connu, de prélever quelques pieds pour les revendre à Leonard, devenu dealer après la perte de son emploi d'enseignant. Pas vu, pas pris ... mais il ne faut pas rêver : le manège est découvert par de cruels trafiquants et lourdement sanctionné. Le jeune homme est quasiment contraint de rompre avec sa famille et ne trouve d'autre solution que de s'installer ... chez Leonard.

Tu t'imagines qu'il y a des trucs gratuits. Mais y'a rien de gratuit en ce bas monde. Rien. (page 257). Tout se paie, parfois la note est présentée sans délai, d'autres fois elle se règle avec un siècle de décalage.

Le titre anglais, The World made Straight, (le monde à remettre d'aplomb) est plus parlant que sa traduction. Nous sommes dans les années 70. Les emplois deviennent rares dans l'industrie et il n'y a plus de travail dans les petites exploitations. Les jeunes ne pourront pas rester paysans. Ils partiront faire la guerre en Irak, seront déstructurés, se mettront dans le trafic. Il faudrait fuir pour ne pas être coincé dans un monde obsolète en terme de possibilités, dans des communautés totalement repliées sur elles-mêmes, surtout quand le poids de l'histoire continue de s'exercer sur vous, comme une plante vivace. Leonard a réussi s'élever socialement parce qu'il a réussi à aller à l'université mais sa vie a basculé avec le départ de sa femme. Au début du roman tout va de travers et petit à petit les choses vont reprendre un autre cours, avec peut-être au bout, une rédemption si, entre autres, Travis réussit à passer l'équivalent du baccalauréat et si Leonard parvient à payer la dette de ses ancêtres, en particulier celles d'un médecin fantomatique parcourant le pays et notant sur six volumes de registre, les actes médicaux, l'évolution de la santé de ses patients et les honoraires perçus, ou non, plus souvent en nature qu'en monnaie.

Faulkner disait le passé n'est pas mort, il n'est même pas passé d'ailleurs. Les personnages de Ron Rash étaient dans des camps ennemis au moment du massacre. Ils sont aujourd'hui au centre d'être d'une toile d'araignée tissée par leur passé ... comme ce qu'on pourrait constater en Bosnie, en Somalie, au Rwanda ...

Ron Rash enseigne l'art de la nouvelle. Selon lui le plus grand défi d'écriture est d'arriver à la concision proche du poème (il a commencé par écrire de la poésie) en donnant l'illusion d'une histoire complète. Rien d'étonnant à ce que la langue soit pour lui essentielle, bien davantage que l'intrigue.

Le monde à l'endroit de Ron Rash au Seuil

mercredi 26 septembre 2012

Julie des Batignolles, la nouvelle mise en scène d'Eric Métayer au Théâtre La Bruyère


Après l'énorme succès des 39 Marches, Eric Métayer nous offre une nouvelle comédie policère avec Julie des Batignolles qui, on a envie de dire s'installe au Théâtre La Bruyère ... "naturellement" !


A moins de détester les Tontons flingeurs et l'humour à la Audiard, vous allez   !

Les effets comiques s'enchainent sans désemparer. Les situations sont saugrenues à souhait. Une paire de branquignolles a cru gagner au loto au enlevant contre rançon la fille de riches parents. La situation va tourner à l'aigre, comme on le devine d'entrée de jeu. Le mot d'ordre "discrétion-sécurité" s'accompagne d'un boucan d'enfer.

Mais nos abrutis ne le sont peut-être pas autant qu'ils en ont l'air. Jamais le proverbe mettant en garde contre les canards sauvages n'a été aussi bien mis en oeuvre. Les gags se suivent, parfois prévisibles, et ils n'en sont pas moins drôles, parfois incongrus.


On pense au dialoguiste de la Grande Sauterelle même si Julie est un tout petit bout de femme qui attire la poisse avant de porter chance, qui sait. En tout cas nos héros débordent d'idées pour se sortir de chaque nouveau mauvais pas, avec une philosophie au ras des marguerites mais plutôt réaliste : Avec Monsieur jean, faut s'attendre à tout. Alors je m'attends au pire.

On a envie de mémoriser chaque réplique. Toutes à inscrire dans un carnet de formules à recycler, dans la droite ligne de la tendance au développement durable, comme en témoigne ce florilège : 

Dans la vie, y'a pas d'obligations, que des nécessités.
Il s'agit pas de confiance, mais d'intérêt.
Paulo, c'est pas des nerfs, que des câbles en acier.
Celui-là il a la cervelle à marée basse.

Ce n'est pas du Audiard, ni du Métayer d'ailleurs, mais du Laurent, Pascal de son prénom. Il place vite les compères dans l'oeil du cyclone, entendez par là, le brouillard avant le déluge. Croyez-moi, ils seront rincés à donf. Les costumes sont d'époque ... à vue de nez, 1958. Facile à calculer : Riton avoue être né en 1933 + 25 berges. En ce temps là, l'italien du coin préparait une grosse tarte qui ne s'appelait pas encore pizza. Le travail sur les décors et les costumes est réussi, nous laissant l'impression d'avoir vu une pièce en noir et blanc.

La gouaille aussi est de la même trempe, mais attention, si l'accent de Viviane Marcenaro rappelle le phrasé d'Arletty sa voix reste douce. Thierry Liagre campe un ripoux à mi-chemein entre Francis Blanche et Paul Meurice. Kevin Métayer endosse le rôle du débutant. Manon Gilbert est une Juliette en pleine forme. Philippe Lelièvre n'a pas le bon rôle, celui du méchant truand, dans lequel il se coule à merveille, mais il attire la sympathie au final en raison de la multitude des désenchantements qu'il doit affronter.
Je recommande le spectacle à mes connaissances qui aussitôt me demandent si cet Eric Métayer là est bien le fils d'Alex ... Oui, et après ? Si vous êtes de ceux qui pensent que le talent est héréditaire et que cela vous encourage à aller au théâtre je ne vais pas vous faire la leçon. Je vais même en rajouter une couche. Kévin est le petit-fils, digne enfant de ses parents. Car dans la famille Métayer la mère est ... Viviane Marcenaro. C'est dire comme ils s'entendent tous sur scène comme marrons en foire, selon l'expression de ma grand-mère qui n'avait pas appris les bonnes tournures à l'école et qui les accommodaient à sa sauce.

Je sais que les avis ont été contrastés sur la pièce. Je l'aime sans réserve. C'est tellement rare de rire de bon coeur qu'il faudrait être mesquin pour faire la fine bouche.

Julie des Batignolles, de Pascal Laurent, mise en scène Eric Métayer,

Décor Stéfanie Jarre - Costumes Cécile Adam
Lumières Philippe Quillet - Son Vincent Lustaud
avec Philippe Lelièvre, Viviane Marcenaro Thierry Liagre, Manon Gilbert et Kevin Métayer.

Du mardi au vendredi à 21h, matinée samedi à 15 h 30
Théâtre La Bruyère, 5, rue La Bruyère, 75009 PARIS, Location : 01 48 74 76 99

mardi 25 septembre 2012

Morteau grillée ou en couscous de quinoa

Traditionnellement on la fait frémir à l'eau bouillante avec un chou et des pommes de terre. et puis on la sert avec de la cancoillotte, autre spécialité de Franche-Comté.

On reconnait la vraie Morteau à son label, à la petite médaille métallique dont la cordelette est sertie et aussi au morceau de bois qui ferme le bout.

J'avais ramené de mes vacances dans la région quatre saucisses de la maison Grésard, où elles sont encore fabriquées à l'ancienne, à partir de bêtes soigneusement sélectionnées, dans une filière courte. Je n'allais pas les manger toutes cuisinées de la même manière.
Je me suis aperçue qu'on pouvait, une fois la saucisse cuite, la découper en grosses rondelles, faire roussir celles-ci à la poêle et les disposer sur une salade un peu comme on aurait procédé avec des lardons et du pissenlit.
Une autre fois j'ai en quelque sorte revisité le couscous en substituant du quinoa à la semoule, et la Morteau à la merguez. Une poignée d'olives vertes a donné un petit goût exotique. En cuisine, il faut savoir oser, surtout avec des produits qu'on enferme dans des modes de présentaion ultra classiques.

lundi 24 septembre 2012

Monsieur Lazhar, un film formidable de Philippe Falardeau

A Montréal, Bachir Lazhar, immigré algérien, se fait embaucher au pied levé pour remplacer une enseignante disparue subitement et tragiquement. Il apprend peu à peu à connaître et à s’attacher à ses élèves malgré le fossé culturel qui se manifeste dès la première leçon. Pendant que la classe amorce un lent processus de guérison, personne à l’école ne doit soupçonner le passé douloureux de Bachir, qui risque l’expulsion du pays à tout moment.

Troix prix, quatre nominations, dont celle du Meilleur film étranger aux derniers oscars, Monsieur Lazhar est un petit bijou qu'on regretterait d'avoir loupé. Quelques dialogues vaudront mieux que les explications et éloges que je ferai ensuite :

Philippe Falardeau a travaillé en étroite collaboration avec l'auteur de la pièce de théâtre qui a inspiré le film, Evelyne de la Chenelière, à qui il a donné un petit rôle. Elle interprète la mère d'Alice, la chouchoute du prof, comme l'enfant le dit elle-même. Le scénario a été étoffé pour le cinéma en développant davantage les personnages secondaires. Mais, chose suffisamment rare pour être soulignée, on ne se sent pas dans un huis-clos comme souvent quand on adapte le théâtre au grand écran.
Pour être un immigré crédible il fallait un comédien d'origine maghrébine, ce qui, au Canada, n'existe tout simplement pas. C'est donc en France qu'on est venu chercher ... Fellag, actuellement au théâtre du Rond-Point avec Petit choc des Civilisations. Cet humoriste aborde la plupart du temps un registre plus "sérieux" voire tragique, au cinéma. Je me souviens de lui dans Dernier étage, gauche, gauche il y a deux ans.

Fellag est donc ici Bachir Lazhar, un homme qui cherche avant tout à s'intégrer, comme n'importe qui. Le cinéaste explique que son protagoniste est avant tout une métaphore de l'altérité, un homme qui cherche des solutions non pas dans la religion ou dans la morale, ni même dans ses références culturelles au sens "ethnique", mais dans une filiation de l’enseignement, dans notre rapport commun à la langue française et à la littérature, puis dans l’acte fondamental de communiquer.

La langue française occupe une importance capitale parce que sa maîtrise fait office de valeur identitaire, et que ce savoir est justement en partie véhiculé par le corps enseignant, que Bachir vient de rejoindre. A travers Monsieur Lazhar, le cinéaste a voulu faire passer un message qu'il exprime ainsi : "Je considère que l’enseignement est un acte de résistance. Pour moi, les enseignants font partie des héros modernes. C’est plus une ode à cela qu’une critique du système d’enseignement." En ce sens ce n'est pas un Entre les murs ou un Detachment de plus même si le cinéma de Philippe Falardeau est social et positionné politiquement.

Outre la question de l'intégration le scénario traite de la codification des rapports entre les enfants et les adultes en milieu scolaire. Et il est intéressant aussi de voir comment cette question est abordée au Canada. 
Les enfants sont étonnants dans leur jeu. On est également surpris de constater comme l'intégration d'un enfant à "besoin particulier" comme on dirait chez nous, est fait outre atlantique. Avec énergie, délicatesse et humour. Le jour de la prochaine photo de groupe nous ne dirons plus ouistiti mais Bachir nous aussi.

dimanche 23 septembre 2012

La pâtisserie des Rêves souffle une bougie de plus et se tourne vers les enfants


Il y avait foule l'an dernier à l'hippodrome de Saint-Cloud et je ne vais pas vous redire ici la philosophie de l'action. Relisez le billet écrit à ce moment-là.

J'insisterai sur la convivialité, toujours de rigueur, et la gentillesse de Philippe Conticini, très à l'écoute de sa clientèle, toujours plus nombreuse. Comme le dit avec à propos Anne-Lise, sa charmante épouse, forcément, c'est addictif. J'ajouterai y goûter, c'est y succomber.

Un millier de personnes de plus qu'en septembre 2011 sont venues dimanche pour ouvrir le carton surprise que le patissier avait préparé pour une ou deux personnes. De vraies parts pour un vrai goûter auquel ne manquaient que les bougies. Et je me demande combien nous serons dans 10 ans !

Cela devient le rendez-vous de la rentrée et certains arrivent en force. Il faut reconnaitre qu'avec presque 5000 invités via facebook, sans compter ceux qui apprennent l'évènement parce que ce sont des familiers des boutiques on se demande comment il peut encore rester un coin d'herbe verte au bord de l'hippodrome.

La menace de recevoir une ondée n'avait effrayé personne. C'était prévu : l'équipe avait promis sur les réseaux sociaux la danse du soleil et s'il n'était pas au rendez-vous on nous avait assuré que nous pourrions toujours jouer aux gourmands bien à l'abri dans les tribunes.
L'organisation demeure parfaite. Accueil personnalisé dès le parking, sourire constant. Vérification de la liste des invités et du nombre d'accompagnateurs. Remise des bons. Echange contre des boites dont le contenu est décrit consciencieusement par une bande de jeunes arborant les couleurs rose et blanche qui sont celles de la maison et qui va jusqu'à proposer de nous les porter si on a besoin d'aide. Sourire infaillible.


Les groupes rivalisaient de créativité pour remporter la médaille : une journée avec le grand chef je crois. Ceux-là avaient composé un jeu fort malin et entonnèrent une chanson à la gloire de Philippe qui l'écouta de bonne humeur.

Tout le monde était doublement heureux aujourd'hui. De retrouver ses amis, de se régaler, de profiter d'un soleil modeste mais présent après quelques jours de pluie, et surtout surtout de voir que le pâtissier était parmi nous, en forme, et philosophe. 

Je m'étonnais de sa patience à écouter les critiques de la part de personnes bien pensantes, certes, car rien n'était méchant, mais tout de même sévères. La compote de rhubarbe serait un chouia trop acide pour l'un, les figues trop sucrées, le brownie trop salé et la couleur de la mousse de sésame gris ... trop ... grise.
Un jour comme celui là j'apprécie. C'est tout. Je comprends mal qu'on se permette de juger. D'autant qu'il faut tout de même réaliser que le gouter est préparé à très grande échelle, ce qui en soi est déjà une performance. Et je tire ma révérence à Monsieur Conticini qui remercie chacun d'être là et de lui dire le fond de sa pensée. Il promet avec humilité que dès demain il sera au labo pour vérifier ...

Il accepte aussi de bonne grâce les multiples séances photos réclamées par des clients devenus pour certains des amis. Et puis il s'attable lui aussi en famille pour re-gouter quelques douceurs tout en prêtant cette fois une oreille attentive aux exigences de sa fille qui n'a de cesse de lui voir exécuter son dessert favori, un baba au rhum. L'an prochain alors ?
En attendant on savoure le flan, un dessert tout simple à première vue mais qui n'est pas facile à réussir. Celui là est parfait, ni trop mou, ni trop ferme, et subtilement vanillé. ce n'est pas Lord Vanilla qui dira le contraire. Et même si ce n'est pas sa vanille que le chef emploie, Lybleam fait le clown :
Pendant ce temps les petits bénéficient d'une chance supplémentaire avec un sac spécial au logo revisité et des petits financiers, fourrés qui étaient encore meilleurs partagés avec les compotes des cartons de leurs parents. Le mercredi ils auront des activités gourmandes particulières.
 

Dès ce soir il y aura moult mercis sur facebook et c'est bien mérité. Cette 3eme édition du "Goûter de la Rentrée" était très réussie. Après cela il faut aller sur place pour  déguster les nouveautés, et il y en a régulièrement, mais les grands classiques méritent à eux seuls une virée dans l'un ou l'autre de ces lieux de rêve. Pour vous en convaincre salivez devant les photos prises il y a quelques mois, ici et . Allez-y seul(e), en famille, avec des enfants si possible. Les bonnes habitudes se prennent tôt.
La Pâtisserie des Rêves
93 rue du Bac, 75007 Paris, Tel. : 01 42 84 00 82
111, rue de Longchamp, 75016 Paris
De 8h à 20h sauf lundi
Site: www.lapatisseriedesreves.com

samedi 22 septembre 2012

L'art du rire de Jos Houben est donné en soirée d'ouverture au Théâtre de Chevilly-Larue


(mise à jour 31 mai 2013)

Rire est tout un art que Jos Houben décortique dans les grandes largeurs. Il le fait à merveille et les abonnés du Théâtre de Chevilly-Larue ont grandement apprécié la leçon, que dis-je ... la conférence.

Il faut dire que dans cette petite ville, on ne fait pas les choses comme ailleurs. La présentation des spectacles aux abonnés potentiels s'accompagne toujours d'un spectacle offert et c'est suffisamment rare pour le souligner. Où la plupart des théâtres organisent après de longs discours un pot, plus ou moins copieux, laissant souvent désemparées les personnes âgées qui n'ont pas osé jouer des coudes, Michel Jolivet bouscule la chronologie. Des plateaux attendent le public dès 19 heures. Le parvis du théâtre est équipé de petites tables accueillantes. Un barnum est dressé au cas où des gouttes tomberaient mal à propos. Et ce n'est pas la doyenne des abonnés, Daria, bientôt 91 ans, qui s'en plaindrait.

C'est très sympathique et on peut commencer à échanger des avis avec les personnes présentes, qu'on est heureux de retrouver. Les groupes se forment. l'équipe est là pour se présenter aux nouveaux. Quand on a pris une collation on est déjà plus en forme pour écouter les présentations. Putain , l'année commence bien (...) On choisit sa vie à chaque instant.

Ce n'est pas moi qui le dis, mais Noémie Lvovsky, la réalisatrice et actrice de Camille redouble, pour nous apprendre la grande nouveauté de la rentrée : finies les bobines, place au numérique avec un son inouï en salle ... trop fort se plaindront même quelques spectateurs.
Le cinéma sera grandement à l'honneur cette saison avec des rendez-vous familiaux, des cine-seniors, des avant-premières. On commencera avec les Nouveaux chiens de garde pour évoquer l'indépendance des médias aujourd'hui le mardi 16 octobre en présence du réalisateur. Autant vous dire que c'est un sujet qui intéresse les bloggeurs.

Caroline Parc a annoncé deux festivals, autour de l'Argentine en novembre, et des monstres en février. Le cinéma de patrimoine aura aussi sa place, comme le 2" octobre, avec la Grande Illusion, de Jean Renoir, celui-là même qui estimait que l'art du cinéma consiste à s'approcher de la réalité des hommes et non pas à raconter des histoires de plus en plus surprenantes.
Coté théâtre demandez la brochure, soit à destination du public adultes, soit pour les familles. Le choix est large et intelligent. Certains metteurs en scène vont devenir des habitués comme Sylvain Maurice qui sera présent plusieurs fois. Avec des marionnettes pour les Sorcières de Roald Dahl, de la magie pour la Métamophose de Kafka.
Consultez aussi en ligne et remarquez combien plusieurs spectacles ont été choisis par des salles voisines. Une chose est sure en tout cas et doit être soulignée la politique tarifaire est très avantageuse. sans entrer dans les détails le plein tarif est au niveau du tarif réduit dans les alentours.
Le travail de médiation culturelle est également à souligner (Anne Mauberret, à gauche sur la photo, en a parlé avec sincérité, à l'invitation de Christel Penin, la secrétaire générale) ainsi que la filiation avec la Maison du conte qui, elle, ouvre ses portes samedi prochain.
L'Art du rire fut donc la master-class de la soirée. Jos Houben suggérait à ceux qui avaient l'intention d'améliorer leur pratique de prendre des notes. La salle est restée éclairée pour l'occasion. Le décor est minimaliste, une table et deux chaises. Ce b'est pas la fiche technique qui effraiera les programmateurs. L'homme revendique ses origines, belges, et il emploie à merveille son mètre nonante sept pour arpenter la scène. En sortant nous aurons un autre point de vue sur le concept de verticalité.
Qu'il nous mime un visiteur de galerie d'art, la démarche d'un anglais ou d'un italien, les mimiques d'une poule ou l'allure d'un morceau de fromage Jos pointe l'effet comique de la démesure en restant toujours dans la dignité.
Est-ce son talent qu'il faut louer ou notre capacité à nous lâcher ? Toujours est-il qu'au fur et à mesure de la soirée on rit de plus en plus ... parait-il avec n'importe quoi ... c'est son analyse. On en sort joyeux et on se met à loucher sur le plateau de Brie et sur les fromages de chèvres qui nous attendent sur le parvis pour prolonger la soirée où l'artiste nous rejoindra très vite.
C'est vivifiant. Ne le loupez pas quand il passera à une encablure de chez vous, par exemple à Chatenay-Malabry le 30 novembre ou le 11 février. Je vous suggère de tenter quand même la première date car, si on affiche complet, vous pouvez tout de même espérer avoir un billet à 7 euros en occupant le fauteuil de quelqu'un qui s'est désisté.

Le spectacle sera programmé en mai et jusqu'au 15 juin à Paris, au Théâtre du Rond-Point, à 18 h 30 en salle Renault-Barrault.

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