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mercredi 26 septembre 2012

Julie des Batignolles, la nouvelle mise en scène d'Eric Métayer au Théâtre La Bruyère


Après l'énorme succès des 39 Marches, Eric Métayer nous offre une nouvelle comédie policère avec Julie des Batignolles qui, on a envie de dire s'installe au Théâtre La Bruyère ... "naturellement" !


A moins de détester les Tontons flingeurs et l'humour à la Audiard, vous allez   !

Les effets comiques s'enchainent sans désemparer. Les situations sont saugrenues à souhait. Une paire de branquignolles a cru gagner au loto au enlevant contre rançon la fille de riches parents. La situation va tourner à l'aigre, comme on le devine d'entrée de jeu. Le mot d'ordre "discrétion-sécurité" s'accompagne d'un boucan d'enfer.

Mais nos abrutis ne le sont peut-être pas autant qu'ils en ont l'air. Jamais le proverbe mettant en garde contre les canards sauvages n'a été aussi bien mis en oeuvre. Les gags se suivent, parfois prévisibles, et ils n'en sont pas moins drôles, parfois incongrus.


On pense au dialoguiste de la Grande Sauterelle même si Julie est un tout petit bout de femme qui attire la poisse avant de porter chance, qui sait. En tout cas nos héros débordent d'idées pour se sortir de chaque nouveau mauvais pas, avec une philosophie au ras des marguerites mais plutôt réaliste : Avec Monsieur jean, faut s'attendre à tout. Alors je m'attends au pire.

On a envie de mémoriser chaque réplique. Toutes à inscrire dans un carnet de formules à recycler, dans la droite ligne de la tendance au développement durable, comme en témoigne ce florilège : 

Dans la vie, y'a pas d'obligations, que des nécessités.
Il s'agit pas de confiance, mais d'intérêt.
Paulo, c'est pas des nerfs, que des câbles en acier.
Celui-là il a la cervelle à marée basse.

Ce n'est pas du Audiard, ni du Métayer d'ailleurs, mais du Laurent, Pascal de son prénom. Il place vite les compères dans l'oeil du cyclone, entendez par là, le brouillard avant le déluge. Croyez-moi, ils seront rincés à donf. Les costumes sont d'époque ... à vue de nez, 1958. Facile à calculer : Riton avoue être né en 1933 + 25 berges. En ce temps là, l'italien du coin préparait une grosse tarte qui ne s'appelait pas encore pizza. Le travail sur les décors et les costumes est réussi, nous laissant l'impression d'avoir vu une pièce en noir et blanc.

La gouaille aussi est de la même trempe, mais attention, si l'accent de Viviane Marcenaro rappelle le phrasé d'Arletty sa voix reste douce. Thierry Liagre campe un ripoux à mi-chemein entre Francis Blanche et Paul Meurice. Kevin Métayer endosse le rôle du débutant. Manon Gilbert est une Juliette en pleine forme. Philippe Lelièvre n'a pas le bon rôle, celui du méchant truand, dans lequel il se coule à merveille, mais il attire la sympathie au final en raison de la multitude des désenchantements qu'il doit affronter.
Je recommande le spectacle à mes connaissances qui aussitôt me demandent si cet Eric Métayer là est bien le fils d'Alex ... Oui, et après ? Si vous êtes de ceux qui pensent que le talent est héréditaire et que cela vous encourage à aller au théâtre je ne vais pas vous faire la leçon. Je vais même en rajouter une couche. Kévin est le petit-fils, digne enfant de ses parents. Car dans la famille Métayer la mère est ... Viviane Marcenaro. C'est dire comme ils s'entendent tous sur scène comme marrons en foire, selon l'expression de ma grand-mère qui n'avait pas appris les bonnes tournures à l'école et qui les accommodaient à sa sauce.

Je sais que les avis ont été contrastés sur la pièce. Je l'aime sans réserve. C'est tellement rare de rire de bon coeur qu'il faudrait être mesquin pour faire la fine bouche.

Julie des Batignolles, de Pascal Laurent, mise en scène Eric Métayer,

Décor Stéfanie Jarre - Costumes Cécile Adam
Lumières Philippe Quillet - Son Vincent Lustaud
avec Philippe Lelièvre, Viviane Marcenaro Thierry Liagre, Manon Gilbert et Kevin Métayer.

Du mardi au vendredi à 21h, matinée samedi à 15 h 30
Théâtre La Bruyère, 5, rue La Bruyère, 75009 PARIS, Location : 01 48 74 76 99

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