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vendredi 22 février 2013

Soirée des Césars 2013 sans surprise et marquée par le cumul

(mise à jour 28 février 2013)

Je ne dirais pas que les lauréats ne méritaient pas leurs trophées mais je regrette que ce qui est annoncé comme la fête du cinéma se limite à encenser ce dont tout le monde parle déjà en négligeant des acteurs et des films qui méritaient amplement la reconnaissance générale d'abord, et de la profession en particulier. Si on compte sur les bloggeurs pour le faire, l'audience sera forcément restreinte ...

Parce que si le "monde du cinéma" se satisfait de donner un coup de pouce aux blockbusters hypermédiatisés ce n'est pas le quidam moyen qui aura du poids, n'en déplaise à Guy Béart qui lui a dédié une très jolie chanson. Et j'espère que les pouvoirs publics ne mettent pas trop d'argent dans la manifestation ... on attend autre chose de nos impôts !

Il faudrait d'abord, à mon (humble) avis remettre en question le vote. Il est vrai qu'au moment où l'on glisse individuellement son bulletin dans l'enveloppe on ne peut pas ignorer le talent d'Emmanuelle Riva et de Jean-Louis Trintignant. Difficile de les positionner hors course et pourtant, quand on sait que deux acteurs partent gagnants à coup sûr on devrait (si on est organisateur) les désinscrire de la compétition, leur prévoir une statuette d'honneur et laisser la course ouverte.

Même si c'est un très grand comédien pourquoi faire venir d'outre atlantique Kevin Costner afin de lui remettre un César d'honneur ? Il faisait peine à voir, à tenter de rester éveillé, une performance qu'il ne réussit pas totalement, et à lire sur un prompteur qui ne défilait pas à la bonne vitesse.

Il n'y aurait aucune honte à recevoir un tel César alors que truster les récompenses va générer une aigreur négative. Sans faire du mauvais humour on a bien vu que si la compression faisait plaisir à Emmanuelle Riva elle était lourde à porter. Et le fils de Jean Louis a fait remarquer, lui aussi, que son père n'aurait pas eu davantage la force de s'en saisir.

Comprenons nous bien, je souhaite de tout coeur l'oscar à Emmanuelle mais je regrette qu'Hélène Vincent reparte les mains vides. Pareillement pour Vincent Lindon. S'ils avaient interprété un second rôle ils auraient été plus chanceux. Un comble.

Je n'ai ressenti aucune proximité avec le couple cinématographique Trintignant /Riva. Alors que le duo Lindon/Vincent m'a faite évoluer dans mes représentations, à l'instar d'En souvenir d'André de Martin Winckler que je viens de chroniquer.

A qualités égales de scénario, de réalisation et de jeu, j'attends du cinéma qu'il me distraie, et je plébiscite à ce titre l'excellent Populaire de Régis Roinsard qu'il m'instruise, ce que fait magnifiquement Royal Affair de Nicolaj Arcel, ou qu'il me fasse grandir, comme Quelques heures de printemps de Stéphane Brizé, ou du moins réfléchir, comme Cherchez Hortense de Pascal Bonitzer ou le très réussi Une bouteille à la mer de Thierry Binisti qui, par rapport aux précédents, n'est "même pas" nominé.

Pourquoi ces films là n'ont pas été récompensés ? Cherchez ... l'erreur ! Dans la maisonAdieu Berthe, et la Part des anges, sont également de regrettables perdants.

Si on pouvait décerner un César de consolation aux grands perdants  Camille redouble avec 11 nominations coifferait au poteau Holy motors  qui n'en avait "que" 9. Finalement il valait mieux cette année ne figurer que sur une seule ligne pourvu que Amour ne soit pas dans la même catégorie.

Amour est une performance, bravo, un point c'est tout. Je n'ai pas envie d'un cinéma qui me rigidifie dans mes positions. La vie nous donne trop de raisons de nous claquemurer. Et sur le si délicat sujet de la fin de vie Quelques heures de printemps offrait un regard sensible et bienveillant, servi par des acteurs qui sont si bien entrés dans la peau de leur personnage qu'on ne les a pas vus "jouer". Toute la profession le reconnait, mais le public, qu'on dit grand, lui, a besoin d'un fléchage.

Ah, vous me direz qu'il y a eu deux récompenses pour honorer le Prénom, un film dont j'ai dit beaucoup de bien, et je m'en réjouis pour Guillaume De Tonquédec, Meilleur acteur dans un second rôle, et pour Valérie Benguigui, Meilleure actrice dans un second rôle.
J'avais écrit dans la chronique consacrée au film de Jacques Audiard De rouille et d'os que Matthias Schoenaerts était sensationnel. Je suis donc heureuse qu'il soit reconnu Meilleur espoir masculin. Et que le film reçoive un César pour la Meilleure adaptation, la Meilleure musique originale et le Meilleur montage tant mieux.

Cloclo a pu tirer son épingle du jeu. Amour n'a pas eu le César du Meilleur son. Antoine Deflandre, Eric Tisserand et Germain Boulay ont pu être récompensé mais c'est passé sans doute à un cheveu puisque Amour était encore présent, on se demande pourquoi vraiment.

Meilleur film étranger Argo. Quelle révélation ! A ce stade il devient inutile de faire voter des professionnels. Même un spectateur peu assidu aurait pu faire ce pronostic.

Il y eut tout de même des Césars attribués à des films dont on avait peu parlé, comme Le Cri du homard, Meilleur court métrage, Les Invisibles, Meilleur film documentaire, et Louise Wimmer, Meilleur premier film, ... que des catégories où Hannecke ne concourrait pas, pas plus qu'Ernest et Célestine, Meilleur Film d'animation.

La joie d'Izia Higelin, Meilleure espoir féminin pour son rôle dans Mauvaise fille est réjouissant. Et l'on est content que Les Adieux à la reine aient été distingué pour la Meilleure photo  (Romain Winding) et les Meilleurs costumes (Christian Gasc).

La soirée pose aussi le problème des cumuls de nomination dans les catégories. Aussi ma seconde suggestion serait de restreindre à trois le nombre de catégories dans lesquelles un film peut concourir. Cela ouvrirait forcément la porte à d'autres.

Je n'ai pas fini de râler. S'il y a eu 20 minutes qui méritaient qu'on passe plus de 3 heures scotché devant le poste c'est bien le maximum. Peu ont été capables de spontanéité. Comme ils jouent mal la comédie quand on attend d'eux qu'ils soient sincères et qu'en hommes et femmes d'honneur ils ne lâchent aucun mot qui ne viennent du coeur.

Quelques petits montages savoureux, quelques pas de danse, un hymne dont les moins de trente ans n'ont pas compris l'allusion, malgré un gros plan appuyé sur le visage (serein) de Gérard depardieu. Mais que venait-il faire dans cette galère ?

La ritournelle habituelle contre les décisions du gouvernement, qui croit nous apprendre que le cinéma va mal. Rien ne change. Bref, des Césars sans surprise, chevillés par le conformisme, plats comme l'électrocardiogramme d'un patient en bout de course. Et si je mettais l'oreiller dessus ?

On en viendrait presque à ne pas regretter la disparition de la soirée des Molières qui, dans son genre , était elle aussi critiquable, quoique plus "juste" me semble-t-il. C'est décidé l'an prochain j'irai ce soir là ... devant le grand écran fêter le cinéma à ma façon.

NB : L'illustration du "Pouce" de César, que j'ai photographié devant le collège Romain Rolland du Plessis-Robinson (92) m'a paru convenir à la situation.

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