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samedi 25 mai 2013

Les Fables de La Fontaine dans le Parc de Sceaux par Phénomène et Cie


Dimanche dernier je relatais une balade dans le Parc de Sceaux en vous annonçant qu'aujourd'hui la troupe des artistes de Phénomène et Cie dirigée par Stéphanie Tesson proposait une représentation intitulée « Les Fables de La Fontaine » le long d’un circuit de 40 minutes environ.

Le soleil encourageait à revenir ici pour rencontrer, en plein air, les personnages des fables dans un parc transformé en théâtre de verdure. Plusieurs départs étaient prévus à partir de 14 h 30. J'ai voulu être dans la première vague, au cas où la pluie viendrait perturber le déroulement des réjouissances. Bien m'en a pris même si le couvert des feuilles a sauvé la fin du spectacle en offrant un abri tout à fait satisfaisant.


Très peu d'information ... Les spectateurs avait été mis dans la confidence par une affiche que les uns avaient vu dans les toilettes de la Maison de Chateaubriand, d'autres dans celles du Musée d'Ile-de-france installé dans le château de Sceaux. Quelques-uns avaient lu le programme sur Internet.

Pourtant, petit à petit, le public s'agglutinait au pied des marches guettant quelque mouvement. Rien ... Jusqu'à ce qu'une étrange perruque abritée d'une ombrelle ne s'agite au lointain invitant à la rejoindre.

Stéphanie Tesson (pull marin) accueillit un groupe assez dense, présenta Monsieur de La Fontaine grimpé sur une chaise de jardin en guise de socle et annonça une promenade d'une heure ponctuée de 7 stations pour écouter une, deux ou trois fables. Elle a conçu un spectacle qu'elle a "mis en vie", l'expression est jolie, en inversant les situations imaginées par le fabuliste. Il représente les hommes sous les traits d'animaux, elle nous montre ces mêmes animaux à partir des êtres humains que nous sommes.
Commençons avec le Loup et l'agneau. L'idée de mimer le loup avec un gant noir d'où surgit une langue rouge et l'agneau de l'autre bras avec le gant blanc est astucieuse.

On nous entraine ensuite à la rencontre d'une tortue. Un enfant interroge sa maman à côté de moi : tu crois qu'on va croiser des écureuils ? Avec le raffut qu'on fait, ça m'étonnerait.

La Tortue et les deux Canards est moins connue. Elle dénonce la sotte vanité. Cette fois les mains sont les volatiles et le casque symbolise la testudine.
Conseil tenu par les Rats résonne avec l'actualité :
Ne faut-il que délibérer ?
La cour en conseillers foisonne :
Est-il besoin d'exécuter ?
L'on ne rencontre plus personne.

Paroles, paroles ... La critique est aisée mais l'art est difficile ...
La comédienne nous surprend plus loin. Nous avons failli ne pas la remarquer avec ses fourrures. Du temps que les bêtes parlaient ... nous dit le Lion amoureux. L'expression est très connue mais ce n'est pas ainsi que commence la fable que l'auteur avait dédiée à Mademoiselle de Sévigné, la fille de sa célèbre maman. C'est sans doute pour éviter l'explication que Stéphanie Tesson a coupé les deux premières strophes.

La morale est souvent invoquée :
Amour ! Amour!quand tu nous tiens,
On peut bien dire : Adieu prudence!
Le Lion abattu par l'Homme suivit avant qu'on ne reprenne le chemin pour rejoindre les cascades.

Le petit poisson et le pêcheur commence lui aussi par deux vers qu'on se plait à répéter :
 Petit poisson deviendra grand,
Pourvu que Dieu lui prête vie;
Il s'achève par une formule non moins connue, et savoureuse sous l'accent rocailleux de la comédienne :
Un Tiens vaut, ce di-on, mieux que deux Tu l'auras :
L'un est sûr, l'autre ne l'est pas.
L'enfant et le maître d'école est l'occasion de blâmer ici plus de gens qu'on ne pense.
Au prochain arrêt le public n'a pas d'indice pour deviner le sujet jusqu'à ce que le comédien déploie son bras. L'Homme et la Couleuvre repose la question du prix à payer pour dire la vérité. Le fabuliste s'en tire cette fois par une pirouette préconisant de parler de loin, ou bien se taire. Il ne fait rien d'autre en faisant dialoguer des animaux.
Les marronniers ont perdu les pétales de leurs grappes, tapissant le sou-bois d'une couche qu'on prendrait pour de la neige. Une nouvelle surprise nous attend, portant des bois d'envergure.
Le Cerf se voyant dans l'eau  suivi du Cerf et la Vigne ont précédé le Chien qui lâche sa proie pour l'ombre, une fois la ramure retirée. C'est la fable la plus brève. Elle fait référence à Esope dont on dit qu'il inspira La Fontaine.
La promenade allait bientôt s'achever quand la pluie est venue perturber son déroulement. Ce ne sont pas quelques gouttes qui nous firent reculer. Bientôt déboulait l'incarnation du loup, hésitant à troquer sa liberté comme le gîte et couvert comme son copain le lui suggère.
Le Loup et le Chien pèse le pour et le contre. aux dernières nouvelles le loup préfèrera conserver sa vie sauvage, quitte à ne pas manger tous les jours à sa faim.
Les Deux Pigeons clôturèrent la séance. Le premier comme le dernier vers sont connus :
Deux pigeons s'aimaient d'amour tendre (...) Ai-je passé le temps d'aimer ?

Il y aurait bien d'autres titres que nous aurions aussi aimé entendre comme La Cigale et la Fourmi - Le Corbeau et le Renard - Le Rat des villes et le Rat des champs - Le Chêne et le Roseau - L'Ane et le Chien - Le Lion et le Rat - Le Lièvre et la Tortue - La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Boeuf ... Stéphanie Tesson les tient prêtes pour un autre parcours. Chaque spectacle est ainsi bâti à la mesure du lieu qui l'accueille.

Je suis la plus chanceuse puisque je peux me plonger sans mesure dans une édition ancienne, illustrée par Grandville en 1837 même si hélas, elle ne contient pas l'exhaustivité des fables parce qu'elles ont été publiés sous plusieurs recueils. C'est le premier livre qui m'a été dédicacé, par mon grand-père alors que j'étais toute petite. 

Le spectacle a été créé en 2003 au Potager du Roi à Versailles dans le cadre du 8ème Mois Molière

Conception et Mise en vie de Stéphanie Tesson
Costumes de Corinne Pagé
Accessoires et peintures de Marguerite Danguy des Déserts
Maquillages de Dorota Okulicz
Avec... dans l'ordre d'apparition Marguerite Danguy des Déserts, Frédéric Almaviva, Séverine Cojanot, Cécile Larrigaldie, Florence Cabaret, Vincent Desprat, Jean-Christophe Lecomte et Jean-Pierre Leblan.

Je vous invite à consulter le calendrier de la Compagnie pour retrouver les dates des prochaines séances. Le spectacle voyage beaucoup.

Samedi 8 juin 2013 Stéphanie Tesson présentera une nouvelle création, Alice au potager des merveilles, de nouveau au Potager du Roi (10 Av. du Maréchal Joffre 78000 Versailles), pour un rendez-vous qu'elle nous promet festif et théâtral. Départs à 18h, 19h et 20h ce jour-là et les 9, 15, 16 et 23 juin 2013.

Autres articles à propos de précédents spectacles mis en scène par Stéphanie Tesson : Au bal d'Obaldia
Enfin depuis quelques mois Stéphanie a repris le théâtre du Poche Montparnasse avec une belle programmation.

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