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vendredi 21 juin 2013

Comment rencontrer plus de 250 personnalités en deux heures de temps ... au Musée Grévin ...


(mise à jour 22 juillet 2013)

Nouvelle étape de ma randonnée sur les Grands Boulevards dans une institution créée en 1882 par un journaliste.  Arthur Meyer, fondateur du célèbre quotidien Le Gaulois, a l’idée de présenter à ses contemporains les personnalités qui font la une de son journal, en trois dimensions cette fois. A une époque où la photographie n’est que peu utilisée par la presse, il imagine la création d’un lieu où le public pourrait enfin "mettre un visage" sur les personnalités qui font l’actualité.

Il fait appel à Alfred Grévin, à la fois dessinateur humoristique, créateur de costumes de théâtre et sculpteur. Son talent est tel que ce qui s'appelle alors Théâtre portera son nom. Lorsque Grévin ouvre ses portes le 5 juin 1882, le succès est immédiat !

Un troisième homme joua un rôle essentiel, le financier Gabriel Thomas, qui était déjà à l’origine de la société d’Exploitation de la Tour Eiffel et du théâtre des Champs Elysées.

Le patrimoine du Musée Grévin n'a cessé depuis de s'enrichir. Chaque année 4 à 6 nouvelles personnalités y font leur apparition, souvent dans une mise en scène particulière à l'exercice de leur "vraie" vie.

Ainsi Nolwenn Leroy de cire est présentée, micro en main, assise sur un piano sur lequel joue Elton John. La tenue choisie et portée par Nolwenn est une très jolie robe noire brodée or, signée par la marque Manoush.

Anne Roumanof est arrivée le 13 juin de cette année et vous en serez pas surpris de la voir en robe rouge, devant la scène du très joli Théâtre Grévin, classé à l’Inventaire des Monuments Historiques.

C'est l'Académie Grévin, présidée par Bernard Pivot, qui, depuis 2001, se réunit deux fois par an et désigne les personnalités élues pour entrer à Grévin, en restant dans la lignée du fondateur.


Les tenues d'époque sont fabriquées, d'après documents historiques, dans les ateliers de Grévin. Pour les personnalités actuelles, ce sont souvent leurs couturiers attitrés qui les habillent où elles-mêmes offrent à Grévin une de leurs tenues. Les tenues des sportifs sont les leurs.

La naissance d’un personnage de cire fait appel au travail de plus de quinze artistes : sculpteur, mouleur, maquilleuse, costumière... Mesures, photos et vidéos sont prises lors du premier rendez-vous avec la personnalité, et vous vous doutez qu'aucun détail ne sera laissé au hasard. Un parcours découverte vous initie à toutes les étapes à la fin de la visite. Il faut un budget de 35 à 75 000 € et 6 mois de travail pour assurer, le jour de la confrontation finale lors de l’inauguration, une ressemblance qui doit être parfaite.

La surprise peut s'exercer de diverses manières. J'ai vu des spectateurs émus par le regard de personnages aujourd'hui décédés et qui semblaient près de leur parler.

D'autres s'étonnent de la taille de la vedette, soit très petite, comme Mireille Mathieu ou ... Nicolas Sarkozy.

Soit gigantesque comme Sébastien Charal ou le général De Gaulle. On a beau le savoir, l'effet est impressionnant.

Il y a des mises en scène troublantes, d'autant que pour brouiller les pistes, le parcours est ponctué de personnages anonymes et que des magiciens et des comédiens en chair et en os y évoluent aussi en costumes. 

Bref, il faut se méfier de tout le monde.

En tout cas la joie du public est palpable. Aussi bien dans les salles consacrées à l'actualité que dans la partie historique ou dans l'espace enfant. Tout est conçu de manière à ce que celui qui le souhaite puisse poser à coté de son idole. Alors n'oubliez pas votre appareil photo et abusez ensuite vos amis ! Il ne vous manquera que l'autographe pour authentifier votre rencontre.
Il est plus facile de poser à coté de Franck Dubosc que derrière Michaël Youn ... enfin ... vous verrez bien ... Le second humoriste est présenté dans une situation qui ne manque pas de piquant.

Pour ma part j'ai été davantage touchée de me trouver face à Jean-Paul Sartre que près de l'écrivaine au chapeau (Amélie Nothomb).
J'ai trouvé Jean Gabin particulièrement impressionnant et Ernest Hemingway m'a donné envie de partager un des cocktails qu'il a inventés (non pas le Mojito mais le Bloody Mary que le barman du Ritz lui préparait, avec des ingrédients qui masquent une haleine chargée en alcool, pour échapper à la vigilance de sa femme).
Ce n'est pas Zeus, mais Auguste Rodin en plein travail devant un Pablo Picasso en tee-shirt à rayures comme on l'a si souvent vu en porter.
 Jean d'Ormesson n'est pas loin avec son célèbre sourire.
Le monde de la danse n'est  pas en reste avec Marie-Claude Pietragalla et Nicolas Le Riche tous deux danseurs étoile, ici dans leurs rôles et costumes du ballet Don Quichotte.
On reconnait aussi très facilement les Vamps dans leur tenue de ménagères des "années cinquante" Nicole Avezard (qui joue le rôle de Lucienne Beaujon) et Dominique de Lacoste (Gisèle Rouleau) campent devant la scène du Théâtre.
Le Théâtre Grévin est un véritable bijou de théâtre à l’italienne, construit en 1900 par l’architecte Rives. Le haut relief et les sculptures sont signés Antoine Bourdelle.
Le rideau de scène est un tableau original de 5m sur 5 de Jules Chéret. Il représente une farandole de personnages de la « commedia dell’arte » qui justifie pleinement le classement à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1964.
C'est ici qu'a été montré le tout premier dessin animé en 1892. Emile Reynaud, s’inspirant du jouet d’appartement qu’il avait créé, appelé le Praxinoscope, inventa le Théâtre Optique pour projeter sur un grand écran «Pauvre Pierrot» pour le plus grand bonheur des premiers spectateurs. Parmi eux, et plus d'un siècle après on remarque Charles Aznavour dans les premiers rangs.
C'est sur cette scène que Pierrre Desproges a débuté mais le Théâtre n'a plus de programmation depuis 2001 mais il demeure privatisable le temps d'une soirée.

Au balcon, Robeto Benigni ouvre grand ses bras comme dans le film La vie est belle (1998).

En fin de visite, on entre dans la Coupole et la Salle des Colonnes, un décor créé pour le Musée Grévin en 1882 par l'architecte Esnault Pelterie, à l’emplacement du café de Mulhouse. Stéphane Bern s'y trouve parfaitement à l'aise ... je crois me souvenir que la Reine d'Angleterre n'est pas très loin.
Vous imaginez aisément combien la blogueuse culinaire que je suis a été heureuse de se trouver nez à nez avec Alain Ducasse, et surtout l'immense Joël Robuchon.
Christian Dior supervise un défilé, ses cartons de dessin à la main.
 Les comiques ne sont pas exclusivement français. Laurel et Hardy font les clowns un peu plus loin.
Et les enfants retrouvent les personnages qui leur sont chers, même si ce sont des héros de fiction, comme Obelix ou Spiderman, le Marsupilami, Gaston Lagaffe et l’intrépide écureuil préhistorique Scrat, de l’Age de Glace, qui tente encore désespérément depuis quelques semaines d’attraper ici son gland.
Olivier d’Agay, petit-neveu d'Antoine de Saint-Exupéry a accepté cette rencontre improbable entre le Petit Prince, sa rose et son renard qui ont rejoint la planète Grévin en décembre 2011.
La réalité historique occupe une enfilade de salles impressionnantes. On verra par exemple Marat ensanglanté dans sa baignoire. On reconnaitra Louis XIII puis Louis XIV dans la galerie des Glaces de Versailles.
Les parents et les enseignants profiteront du déplacement pour faire une leçon imagée de l'histoire de France en abordant les principaux épisodes comme les illustres créateurs. Qu'il s'agisse de La Fontaine ou d'Einstein ...
La prochaine personnalité à rejoindre la troupe sera Lady Gaga dont l'entrée est annoncée pour le lundi 2 juillet. Matt Pokora et Patrick Sébastien (dont je m'étonne qu'il n'y soit pas déjà) sont attendus dans les mois qui viennent.

Plus de 2000 personnages ont été réalisées depuis l'ouverture. Certains ont disparu de la scène mais ils sont conservés dans une immense malle aux trésors.

Quelques uns ont été refaits comme Julien Clerc, entré à 22 ans alors qu'il chantait dans la comédie musicale Hair. Toutes sont régulièrement retouchées pour "intégrer" leur vieillissement ...

Une actrice qui aurait l'habitude de confier son visage aux mains d'un chirurgien esthétique causerait des soucis aux artistes plasticiens du Grévin.

C'est peut-être ce qui explique que certaines n'y sont pas ... En tout cas l'équipe n'a pas encore rafraichi la coupe de cheveux de Jenifer.

Grévin est aussi implanté à l'étranger. Il existe à Montréal depuis le mois d'avril et ouvrira dans un an à Prague. Nos cousins outre atlantique y découvrent des personnalités liées à leur histoire mais certaines vedettes comme le grand Charles, la jolie Céline Dion, Franck Dubosc ou Charlie Chaplin sont dans les deux établissements, dans des postures éventuellement différentes.

L'ensemble ne serait pas complet sans le Palais des Mirages qui a été installé ici en 1906. Un spectacle d'illusion y est donné au début du parcours. 
En effet, dès votre arrivée, c’est par le majestueux escalier de marbre, construit par l’architecte Rives en 1900, que vous accéderez à cette attraction qui est la version contemporaine d'un son et lumières présenté au Trocadéro lors de l’exposition universelle de 1900.
Gabriel Thomas, alors Président de Grévin avait été tellement enthousiasmé par ce spectacle qu’il a voulu que son inventeur Eugène Hénard l’installe à Grévin à la fin de l’exposition. Il a été entièrement rénové à l’occasion de son centenaire en 2006 en intégrant la technologie de pointe aux décors anciens avec des effets visuels et sonores renforcés.
La magie du lieu prend toute sa splendeur lorsque la lumière d’ambiance s’éteint et le spectacle commence : par un incroyable jeu de lumières et de miroirs, l'espace se dédouble à perte de vue. Le cliché ci-dessus est ©Musée Grévin et je l'ai inclus pour vous donner une meilleure idée de ce que vous verrez et qui est difficilement photographiable.

Ce spectacle en continu basé sur 3 changements de décors éblouissants, mène le spectateur d’un temple hindou envoûtant à une jungle inquiétante jusqu’aux ors fastueux du Palais des Milles et une nuits.
Au total ne comptez pas visiter Grévin avec un budget temps inférieur à 1 heure 30. Si vous voulez prendre des photos et que vous venez en famille et avec des amis 2 bonnes heures ne seront pas de trop.

Depuis que j'ai écrit ce billet une nouvelle personnalité y a fait son entrée dans la Salle des Colonnes : Lady Gaga, dans une tenue "incroyable" en cheveux véritables :
 
On a pour l'occasion déplacé Céline Dion et son mari, qui ont perdu leur position privilégiée dans une niche. C'est la Lady qui y trône, juchée sur une paire de Louboutin, reconnaissables à leurs semelles rouges. Un écran télé permet de revoir ses prestations de top model en toile de fond.
Du coup je remarque cette fois Michel Boujenah caché à demi par Arlequin. Silhouette ronde, regard clair, chemise rouge, bretelles, large pantalon, chapeau de feutre mou vissé sur la tête je le retrouve comme dans le spectacle les Magnifiques.

Un café-restaurant portant le même nom existe au 8 boulevard Montmartre ... Mais comme la sortie du musée s'effectue dans le passage Jouffroy et qu'il tombait des cordes sur le boulevard le jour de ma venue (l'orage était si terrible que Paris était plongée dans une obscurité relevant de l'illusion d'optique) j'ai pu découvrir un salon de thé très cosy où l'on peut déguster de délicieuses choses.
Il s'appelle le Valentin et se présente comme un petit théâtre des gourmandises.

A la fois pâtisserie, chocolaterie, salon de thé et même restaurant, il a conservé l'enseigne de la Tour des Délices dont certains d'entre vous se souviennent peut-être. Il s'appelait dans des temps encore plus lointains les Deux Polonaises. L'endroit est hors du temps et je ne m'étonne pas que Marcel Proust aimait y écrire, même si, à son époque cette tapisserie n'était pas encore accrochée.
Odile Yver l'a acquise dans une vente aux enchères pour habiller un des murs de la salle du premier étage où les habitués apprécient le calme.

A tout moment on peut commander une quiche ou un feuilleté. Le koulibiac est une des spécialités de Bruno Collard. Les becs sucrés savent que la polonaise et la chibouste sont des valeurs sûres qui font venir spécialement des provinciaux et des étrangers qui, par sécurité, passent un coup de fil pour retenir leurs parts. Tout n'est pas fait tous les jours. Ainsi le Saint-Honoré n'est à la carte que le week-end.

Moi qui suis une gourmande de Mont Blanc je peux certifier la légèreté de celui de cette maison. Sa recette est bien supérieure à celle d'un salon de thé de la rue de Rivoli qui a bâti sa réputation sur ce dessert, suivez mon regard ...

Le chef a suivi un stage chez Valrhona et ses créations sont tout simplement sublimes. Ne serait-ce que la tarte au chocolat blond, avec le Dulcey que j'ai découvert au dernier Salon du chocolat.

Je n'ai pas tout testé mais je crois sur parole ceux qui me disent que les viennoiseries sont "à tomber par terre" et qu'un petit déjeuner y est divin, servi avec des confitures maison. L'hiver on peut goûter un chocolat viennois, maison bien entendu, et la queue se forme dans le passage. Une chance qu'il soit abrité.

Les thés Dammann sont préparés en théière de fonte. Des boissons fraiches sont également proposées comme un Citrus désaltérant combinant citron cuit, vanille et cannelle.

C'est une excellente adresse à noter, à qui je ne fais qu'un reproche : de fermer à l'heure du dîner.

Le Musée Grévin, comme le Valentin participent à l'opération "Promenons-nous sur les Grands Boulevards" qui ouvre droit à des tarifs préférentiels.
Le principe est qu'un pass (non nominatif valable pour une personne) est délivré sur le premier site après achat d'un billet ou d'une prestation plein tarif. Vous pouvez le télécharger en cliquant sur le logo ci-dessus. Il ouvre droit ensuite à des réductions chez tous les autres partenaires. Et ils sont nombreux !

Le Musée Grévin propose dans ce cadre du Pass une réduction de 15%. Le Valentin annonce une note diminuée de 10%.

Autres articles autour des Grands Boulevards :
Le roman de Tonie Behar Grands Boulevards chez JC Lattès, paru en juin 2013

Musée Grévin, 10, boulevard Montmartre, 75009 Paris, tel 01 47 70 96 32
www.grevin-paris.com

Le Valentin, 30 passage Jouffroy, 75009 Paris, tel 01 47 70 88 50
Du mardi au samedi de 8 h 30 à 19 h 30 et le dimanche de 9 h 30 à 19 h 30
Ouverte aussi le lundi en hiver
www.le-valentin.fr

1 commentaire:

Judith a dit…

Bonjour,
j'ai déjeuné au Valentin pendant les vacances de la Toussaint, d'un Excellent Koulibiac, dont j'ai encore le gout en bouche !!! Je n'ai pas pris de dessert cette fois-ci, et j'enrage d'habiter si loin de cette enseigne. Je n'y étais jamais entrée et le regrette maintenant. Mais j'ai trouvé ma "cantine" pour les prochaines visites sur Paris.
J'ai également gouté le Mont Blanc An..lina à Versailles lors de ma visite du petit Trianon et du hameau de la Reine pendant ces mêmes vacances. Je n'oublierai pas de gouter celui du Valentin, sur vos conseils.
Bonne journée

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