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samedi 19 septembre 2015

Visite du Moulin Richard de Bas (suite)

Il y a quelques jours je vous ai raconté la fabrication du papier chiffon. A l'aube des Journées du Patrimoine, il se pourrait que vous ayez envie d'aller visiter le Moulin Richard de Bas, le dernier dans le Massif Central à sortir encore quotidiennement quelques centaines de feuilles.

Profitez-en pour voit l'ancienne demeure de Monsieur Richard, qui possédait plusieurs moulins.

Ne manquez pas non plus le très beau film sur le Parc du Livradois-Forez, pays d’eau, de bois et de montagnes, qui tourne en boucle dans la salle adjacente à la billetterie. Il témoigne d'industries très spécialisées. On y apprend par exemple que Thiers n'a pas que les couteaux pour spécialité amis aussi les cartes à jouer.

L'emblème des papetiers était pourtant souvent un coeur. celui du moulin est un coeur doublement barré. On le retrouve sur le tamis métallique, composé de fils de laiton parallèles dont la trace sera vue par transparence.
Le papier vergé est un papier qui laisse apercevoir par transparence ces fines lignes parallèles horizontales dans l'épaisseur du papier. C'est ce qu'on appelle le filigrane.
Elles sont laissées par les vergeures et les fils de chaîne (fils de couture qui fixent la vergeure aux pontuseaux) qui sont les fils en métal qui forment le tamis avec lequel est fabriqué le papier tandis que les pontuseaux sont les baguettes de bois qui soutiennent les vergeures et les fils de chaîne. En Angleterre on fait la forme velun, plus opaque parce que les fils sont en cuivre.
L'ancien logis de Richard de Bas est typique de l'habitat des XVIII° – XIX° siècles. Il n’est plus habité depuis 1937. Il n'est composé que de deux pièces : la salle commune qui faisait office de salle à manger et une seule chambre à coucher. Mais l'une et l'autre sont vastes pour accueillir la famille entière et les apprentis.
Le portrait du maître trône dans la salle à manger. Il a été mystérieusement assassiné en 1795. l'industrie du papier s'exerçait alors dans un halo de secrets ... D'ailleurs on travaillait de minuit à midi de manière à ce que le mystère demeure caché.
On trouve dans la première pièce les meubles et objets du quotidien. A commencer par une grande table où l’on était assis à califourchon, c’est-à-dire de profil. Au bout de celle-ci le tiroir mal refermé contenait le pain. Contre le mur d'en face on remarque une maie, sorte de caisson rectangulaire soutenu par quatre pieds, dans laquelle on conservait la farine et qui servait aussi de pétrin, pour la fabrication du pain. Son plateau mobile à charnières servait de plan de travail.
Les portes en noyer sont classées à l’inventaire. L’horloge a été fabriquée à Ambert. On remarque dans la cheminée une grosse marmite pour cuire la soupe. Elle est pendue à une crémaillère, d'où l'expression signifiant emménager car c'est le dernier objet que l'on place dans une maison. Le sel était à portée de main, et surtout protégé de l'humidité dans une petite niche.

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Cet ingrédient valait fort cher et les redevables avaient trouvé le moyen de tromper le gabelier lorsqu'il arrivait pour percevoir l'impôt. Le sel était stocké dans un récipient qui s'appelait grugeoir et que l'on laissait sous une chaise basse.
Il suffisait qu'une grand-mère s'assoie dessus à l'arrivée du gabelier, laisse tomber sa robe jusqu'au sol, et le tour était joué. Le percepteur était "grugé". Rien d'étonnant à ce que l'objet soit décoré d'un renard, animal rusé s'il en est.
Sur une table basse se trouve un gousset pouvant contenir tris litres d'eau ... ou de vin.
On se lavait dans ce type de baignoire en bois et zinc, assis ou accroupi, les uns après les autres dans la même eau, économie oblige.
Au plafond sont encore accrochées de grandes poêles à très long manche (pour ne pas se brûler ) et une bassinoire en cuivre. On y mettait des morceaux de charbon de bois et on la glissait dans les lits pour les réchauffer.
D'autres objets familiers pour l'époque sont encore présents comme un billot pour couper la viande.
Une forme pour sécher les fromages (dont le nom de fromage) à l’abri des rats.
Une chaufferette pour travailler assis ou ne pas avoir froid à la messe, fonctionnant elle aussi avec des braises chaudes.
Disposer de deux pièces était un signe de richesse. Dans la chambre on observe plusieurs lits. Celui des parents contient aussi le berceau, suspendu au dessus du grand lit, que l’on remuait avec une ficelle attachée à un orteil.
Les lits semblent étroits. Il faut dire que par superstition on ne voulait pas donner l’impression qu’on était mort. On dormait donc à demi assis. Les lits sont en hauteur pour se protéger de l’humidité, du froid et des rats.
Dans le deuxième lit on pouvait caser 4 ou 5 enfants tête bêche. Le dernier est le "lit-armoire", qui est un lit clos réservé aux apprentis papetiers qui y étaient enfermés à clé de 7 à 14 ans, histoire d’avoir la garantie que le secret de fabrication serait bien gardé.
Le carreau de dentelière provient des environs de la ville du Puy.

La salle suivante explique l’histoire du papier. Si le papier tel qu'on le connait a été mis au point par les chinois c'est tut de même à un animal peu sympathique qu'on en doit l'idée, la guêpe papetière.
Ces insectes arrachent les fibres de vieux bois, des fragments de feuilles sèches, des débris végétaux qui, mélangés à leur salive, produisent une matière avec laquelle ils construisent les rayons et l'enveloppe de leur nid. En France, on peut observer le travail de la Poliste française, Polista Galica, de la Vespa, ou encore Vespa Crabo, le frelon.

Certains nids accrochés aux branches d'un arbre ou sous les toits sont imposants par leur taille. L'idée de fabrication du papier est née vraisemblablement de l'observation des gestes de la guêpe papetière.
Les premiers supports d’écriture ont été solides, comme cette gravure sur calcaire, représentant un bouquetin de profil, datant la Préhistoire, précisément du Paléolithique.

Les premiers supports souples sont des papyrus que lesquels on écrivait avec une pointe de roseau ou calame, qui est l’ancêtre du stylo. Vinrent ensuite les parchemins, en peau de chèvre, et le velin, en peau de veau mort-né.
Ce papyrus égyptien moderne fabriqué à Syracuse, en 1934, est la reproduction manuelle d'un fragment d'un "Livre des morts" 1420, et qui date de 1100 av. J.C.
D'autres documents, comme cette ordonnance royale adressée à Richard de Bas sont également consultables.
Après la visite proprement dite du moulin, on peut poursuivre par le parc en contrebas où se trouve d'imposantes machines comme ce lessiveur sphérique à chiffons donné par Arjomari S.A., usine de Palada, Amélie les Bains.
Moulin Richard de Bas, Musée historique du papier
63600 Ambert d'Auvergne - 04 73 82 03 11

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