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mercredi 6 juillet 2016

La grande panne de Hadrien Klent

Hadrien Klent a conçu La grande panne avec des clés de lecture qu'il donne sur son site mais qui ne sont pas indispensables à connaitre au préalable pour apprécier le roman. Il ne dit pas tout, loin de là puisque son nom de plume est un pseudonyme.

Son premier ouvrage Et qu’advienne le chaos (Attila – 2010 / Le Tripode – 2014 – Collection Météores) était de la même veine.

L'auteur déplace le curseur de notre logique très sensiblement si bien que l'on trouve cette fiction raisonnablement plausible : commençant comme une série catastrophe, déroulant l’agenda d’une cellule de crise, La Grande Panne se transforme peu à peu en un roman mêlant les histoires d’amour aux arcanes du pouvoir, les trahisons amicales aux menaces d’attentat, la surveillance policière aux banalités d’une vie suspendue à l’attente du retour à la normale.

Parmi les personnages (assez hauts en couleurs) on croise :
  • un révolutionnaire qui rêve de mettre en place une insurrection civile,
  • des conseillers qui tentent de contenir les humeurs d’un président de la République désabusé,
  • un écrivain improductif qui observe son île devenue le centre hystérique d’un pays en état de choc,
  • un brocanteur qui se trouve embrigadé malgré lui par un service secret étranger,
  • un journaliste revanchard qui fait le portrait d’une France en apesanteur.
Le point de départ qui s'ancre dans un possible acte terroriste prend appui sur une atmosphère que l'on connait depuis quelques mois, un terreau propice à l'angoisse et à tous les fantasmes. Une explosion dans une mine italienne provoque un immense nuage qui menace de s'enflammer. Une coupure électrique générale est décidée par le Président de la république pour préserver les populations. Préserver ?

On n'aurait pas pensé que le graphite puisse être un élément aussi dangereux. Comme l'anticipe judicieusement l'auteur (p. 82) que le bon vieux graphite des crayons à papier prenne feu à cause de l'électricité d'une ligne haute tension cela peut sentir le complot.

Je n'ai pas cherché à vérifier, préférant me laisser emporter par l'intrigue, si bien construite, émaillée de retournements de situation bien ficelés. L'abandon de la prison ultra sécurisée (mais toute électrique) est savoureuse. Et l'installation du gouvernement sur l'île de Sein est insolite, presque exotique.

L'écriture est parfois hachée, enchainant des propos qui sont à la limite d'un langage parlé, ou disons intérieur, parce que malgré tout le niveau de langue est toujours très choisi. On se sent du coup comme une ombre légère infiltrée entre des protagonistes qui s'épient. On se faufile en abolissant les distances, tantôt sur Sein, tantôt à l'Elysée, ou en Italie ...

Hadrien Klemt connait son sujet et la psychologie des personnages. Il doit sans doute travailler dans les cercles du pouvoir. Qu'importe. J'ai apprécié le roman pour ce qu'il est, une oeuvre de fiction. Tout est intelligemment pensé, de la couverture qui évoque des lignes haute tension, jusqu'à la play-list qui recense les musiques préférées des protagonistes. Avec entre ces deux extrêmes un contenu électrique ! N'oubliez pas d'aller sur le site de l'auteur une fois le livre refermé pour en savoir plus sur la construction de l'intrigue et en apprendre davantage sur le contexte qui sous-tend le roman.

La Grande panne, de Hadrien Klent, Le Tripode, en librairie depuis le 21 avril.
Photo Vincent Le Beux

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