Publications prochaines :

La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

mardi 31 janvier 2017

Don Quichotte adapté et mis en scène par Anne-Laure Liégeois

La salle du Théâtre 71 est pleine, principalement avec un public scolaire. Les rires fusent mais je m'apercevrai vite que les jeunes seront attentifs jusqu'au bout et franchement enthousiastes.

C'est que Anne Laure Liégeois réussit là à combiner historique avec comique.

Même si ses précédents spectacles brossaient eux aussi une époque, qu'elle soit élisabéthaine comme avec la Duchesse de Malfi ou contemporaine avec Les époux, la dimension tragique l'emportait (voir ici les articles du blog à propos de ses précédents spectacles). Don Quichotte est une fable qui est une leçon de théâtre et la leçon devient philosophique.

Tout à fait logique donc qu'un castelet soit représenté sur la scène et que, par un jeu de mise en abîme successif, les personnages principaux interprètent tous les rôles. Elle s'est affranchi des images classiques. Sancho Panza n'a pas besoin d'être gros pour endosser la fonction de valet. Il suffira que sa chaise soit un peu moins volutée que celle de son boss pour que la différence de montures marque la différence sociale.
Je suis Don Quijada, nous dit le comédien, un chevalier sans amour est comme un arbre sans fruit. Il me faut une dame dans le coeur. Quitte à devenir fou pour les beaux yeux de cette dame. Et ce sera Dulcinée, dont le nom signifie désormais amoureuse.

Don Quichotte a une marotte : combattre l'injustice. Il la voit partout. Et il n'entend que ce qui lui convient.  Ce ne sont pas des géants mais des moulins avec des ailes. Ce ne sont pas des soldats qui surgissent autour de lui mais des moutons ... Qu'importe ... sa volonté est infaillible. Mais il a tout de même besoin d'un acolyte, et il est prêt (lui qui prétend être honnête) à mentir sans vergogne pour le convaincre. C'est l'archétype de l'homme politique.
Cependant Don Quichotte n'est pas un mauvais homme et il appliquera (à sa façon) tous les codes de la chevalerie. Je n'ai jamais su lire ni écrire mais j'ai jamais servi quelqu'un d'aussi courageux dira de lui, admiratif, son valet. Sancho ne sait effectivement ni lire ni écrire mais il apprendra. Car la volonté du chevalier a la triste figure n'est jamais égoïste.

La pièce interroge sur les utopies. Sancho est-il moins rêveur que son maître en voulant une île ? Chacun son fantasme en fait.

La traduction (d'Anne-Laure Liégeois) est émaillée de savoureuses répliques conservées en espagnol, proches de l'incantation. La recette de la tortilla nous est donnée dans la version originale : Ingredientes (para 1 persona) : 2 patatas, 2 huevos, 1 cebolla, un buen chorro de aceite.
Pelamos y cortamos las patatas y la cebolla.
Primero ponemos las patatas a dorar en una sarten con abundante aceite, y cuando cojan un poco de color, anadimos la cebolla...
... Deliciosa, tierna, jugosa y religiosamente acompanada de un buen vaso de vino into ...

Plusieurs moments prennent une coloration d'hommage, notamment à la Chanson de Jacky en entendant le chevalier errant, chercher à vivre chaque jour une nouvelle vie, connaître la faim mais toujours recommencer comme si on ne savait rienvouloir être un jour, un jour seulement, beau, grand, fort et intelligent ... Inévitablement aussi à la Quête du même Jacques Brel :
Rêver un impossible rêve
(...) Tenter, sans force et sans armure,
D'atteindre l'inaccessible étoile

Auparavant Don Quichotte aura fait son mea culpa : je t'ai trompé Sancho, je n'ai aucune île pour toi, aucune terre. Le spectacle s'achève sur la définition et la raison d'être du théâtre : Faire rêver, penser un lieu où on peut dire en toute liberté ce qu'on pense de la justice de la religion etc ...

La musique, imaginée par l'équipe, est tout à fait juste. Le jeu des jeunes comédiens, qui se démultiplient autant que nécessaire, aura été très apprécié par un public totalement conquis. Une très belle soirée qui donne envie de relire Cervantès, mais aussi Don Juan et le Capitaine Fracasse. On peut souhaiter qu'Anne-Laure Liégeois persiste dans la conception de spectacles autant accessibles à un jeune public.

Don Quichotte
Création théâtre, dès 8 ans
D’après Miguel de Cervantès
Adaptation, mise en scène, scénographie et costumes  Anne-Laure Liégeois
Avec Lise Gervais, Alexandre Ruby et Charles-Antoine Sanchez
Du 29 janvier au 1er février 2017
Théâtre 71
3 place du 11 novembre 92240 Malakoff 01 55 48 91 00

Le spectacle sera ensuite en tournée
le 15 février 2017 au Théâtre Gabrielle Robinne de Montluçon - 04 70 02 27 28
Du 15 au 17 mars 2017 au Festival La Tête dans les nuages - Scène nationale d’Angoulême - 05 45 38 61 61
Du 27 au 29 avril 2017 à L’Apostrophe sur la Scène nationale de Cergy-Pontoise - 01 34 20 14 14
Du 3 mai au 5 mai 2017 au Cratère sur la Scène nationale d’Alès - 04 66 52 52 64

Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Christophe Renaud de Lage

lundi 30 janvier 2017

Le parfum de l'hellébore de Cathy Bonidan

Le parfum de l'hellébore appartient aux livres que l'on est heureux d'avoir débusqué. Son parcours est plutôt emblématique des nouvelles pratiques d'édition : il est passé par les ondes numériques où fort de son succès il a pu se projeter sur les rayons des libraires.

J'ignore si cet envol s'est accompagné de modifications. En tout cas, même si j'ai apprécié la fraicheur de l'écriture, il me semble qu'il aurait gagné à être retravaillé. Dans la forme surtout, et dans le déroulé de l'histoire qui s'articule en deux parties qui ne sont pas assez distinctes de mon point de vue.

On m'objectera que la critique est facile. Il n'empêche que la lecture souffre d'une progression dramatique qui se cherche et que le surgissement du personnage de Sophie est un peu artificiel, même si son parcours de vie est très touchant. Elle exprime avec des mots très justes le mal-être d'un enfant (quel que soit son âge) quand il réalise qu'il n'existe pas -ou plus- pour la personne qui lui a donné la vie. (p. 233)

Ce livre, qui est malgré tout remarquable pour un premier roman, mérite amplement son destin. On aimerait savoir pourquoi Cathy Bonidan a choisi de traiter l'anorexie mentale et l'autisme au travers de deux personnages ayant vécu il y a soixante ans. Peut-être pour mettre ces sujets encore si douloureux à distance et pouvoir les traiter avec une relative espérance.

Quand on est confronté à ces maladies (et en tant qu'institutrice elle l'est forcément) on se sent si démuni qu'on ne peut que rager du peu de progrès que la médecine fait. Il reste tellement à entreprendre pour améliorer la vie de ceux qui en sont atteints !
Derrière les grilles du centre psychiatrique Falret, s'épanouissent les hellébores, ces fleurs dont on pensait qu'elles soignaient la folie. Est-ce le secret de Serge, le jardinier taciturne qui veille sur les lieux, pour calmer les crises de Gilles ? Toujours est-il que le petit garçon, autiste de onze ans, s'ouvre au monde en sa présence.
Deux jeunes filles observent leur étrange et tendre manège, loin des grandes leçons des médecins du centre. Anne a dix-huit ans, c'est la nièce du directeur. Fuyant un passé compromettant, elle a coupé tout lien avec ses proches, si ce n'est sa meilleure amie, avec qui elle correspond en cachette.
Elle se lie d'amitié avec Béatrice, malicieuse jeune fille de treize ans, qui toise son anorexie d'un œil moqueur, pensant garder le contrôle des choses. Mais rien ne va se passer comme prévu.
La thérapie par les plantes, ce n'est pas nouveau. La méthode est connue sous le nom (peu élégant) d'hortithérapie. Elle a été fondée dès la fin du XVIII° siècle par le psychiatre américain Benjamin Rush, mais elle est encore très peu développée en France.

Jardiner présente de nombreuses vertus : les patients se trouvent en plein air, sont rendus actifs, apprennent de la nature à être patients, et aussi à jouir des résultats de leurs plantations. Les émotions qu'ils ressentent sont positives notamment dans l'accompagnement de l'autisme, de la maladie d'Alzheimer et de nombreuses dépressions.

Quand on connait un peu la botanique on sait que l'hellébore n'exhale aucun parfum. Mais ce qu'on sait aussi c'est la délicatesse de ces fleurs, également appelées roses de Noël car elles s'épanouissent au coeur de l'hiver et il n'est pas rare de voir leurs tiges percer un tapis de neige. Ma grand-mère en faisait pousser quelques pieds. Jamais nous ne coupions ces fleurs de manière à profiter de leurs corolles jusqu'au printemps. Et quand il m'arrive encore d'avoir ces renoncules à la maison, je les laisse en pot.

On pensait dans l'Antiquité que la plante pouvait guérir de la folie, ou du moins de ce qu'on désignait sous le terme de mélancolie. C'est donc une belle idée que de l'avoir choisi comme titre du roman. Par contre, même si la photo de la couverture est magnifique on se demande pourquoi avoir placé des variétés anciennes de carotte dans les mains de l'enfant ...

Il faudra garder le nom de Cathy Bonidan en mémoire et surveiller la parution de ses prochains romans. Il y a dans celui-ci des pépites très prometteuses et un ton positivement féministe. Elle pointe le lien qui pourrait exister entre l'activité intellectuelle (p. 69) et l'impossibilité de prendre du poids. Elle a raison de souligner (p. 282) qu'il est parfois difficile d'avoir le recul nécessaire pour décrypter le journal de quelqu'un comme s'il ne s'agissait pas de sa propre existence.

Elle a aussi le mérite de citer Leo Kanner (p. 33) considéré avec Hans Asperger, comme un des pères de l'autisme infantile. Et de nous donner quelques citations fort bien choisies. Comme celle-ci de Bruno Bettelheim, page 69, qui éclaire les freins de ces enfants à rentrer dans les apprentissages de manière classique : L'enfant pense que, s'il étudie la nature, il ne comprendra que la nature, tandis que, s'il apprend à lire, il craint d'apprendre à comprendre n'importe quoi, même ce dont il pense qu'il ne doit pas savoir le premier mot.

Celle-ci encore d'Emilio Rodrigué : Je pense que l'angoisse de l'enfant autistique est semblable à celle qui est engendrée par la mort imminente. (p. 97)

Le parfum de l'hellébore de Cathy Bonidan, éditions de la Martinière, en librairie depuis le 12 janvier 2017

dimanche 29 janvier 2017

Peau neuve revient au Cine13-Théâtre

Passer une heure trente avec Lili Cros et Thierry Chazelle donne la pêche autant qu'une séance de sport. Ils sont talentueux, sérieux sans se prendre le melon, affichent un sourire qui ne les lâche pas et qui devient vite contagieux.

Si vous arrivez un peu en avance vous bénéficierez des canapés en cuir des premiers rangs du Cine 13 (je vous ai déjà dit combien le lieu est mythique, ayant conservé les décors d'Edith et Marcel construits en 1983 par Claude Lelouch). D'ailleurs Lili et Thierry sont assez raccord avec des héros lelouchiens.

Ils sont auteurs-compositeurs-interprètes de leurs chansons. Peau Neuve est déjà leur quatrième spectacle. Il a été vu par un public chanceux début janvier, a été suspendu quelques jours, mais revient à l'affiche à partir du 1er février.

Les artistes ont de l'humour à revendre. Ils commencent par une "mauvaise nouvelle", la mort du vieux chien ... et pis non ... pas si mauvaise en fait, mais bonne pour en faire une chanson écrite par Thierry. Les textes sont de l'un ou de l'autre, dans des styles qui se répondent à la perfection. Leur spectacle est comme la laitue de Georges Brassens : tout est bon, y a rien à jeter.

Les arrangements sont imaginatifs. Lili excelle dans les jolies petites percussions corporelles, mais elle joue aussi bien de la guitare. Cela fait sept ans qu'ils chantent ensemble. Noces de laine donc à dédier à l'Homme de sa vie (quatrième chanson) comme l'écrit Lili.

Les dédicaces émailleront le spectacle, à la grand-mère de la chanteuse qui collectionnait (comme la mienne) les numéros du Petit écho de la mode (chanson 11). A Jacques Brel qui a fait ses débuts pas très loin d'ici, aux Trois Baudets, créés à la fin des années 40 par Jacques Canetti, dans un vieux dancing délabré où plus qu’une centaine d’artistes vont démarrer leur prodigieuse carrière de scène et de disques, avant que la salle ne devienne un sex-shop puis un cabaret érotique, et une salle de concert pop/rock du milieu des années 1990, L’Erotika avec pour client un certain ... Claude Lelouch (cf chanson 10).

Thierry rend hommage au Havre (chanson 12), destination ultra mode comme j'ai eu l'occasion de le pointer au cours des dernières semaines dans plusieurs critiques littéraires. Le grand chic est d'aller dîner à Sainte-Adresse.

C'est de la bonne, très bonne chanson française, y compris quand ils chantent in english en surfant sur la tendance french song que Lili va s'empresser de traduire ou avec des intonations orientales (L'anneau, chanson 14) ou encore quand Lili donne la mesure de sa puissance vocale (chanson 17, La fièvre) en faisant penser à La Grande Sophie. Thierry n'est pas en reste, surtout quand il ose le beat boxing (Mon hit, mon hot) tout en dansant très bien.

Seul ou à deux, avec micro ou sans, en s'accompagnant de leurs instruments ou a cappella, c'est toujours frais, surprenant et on ressort nous aussi avec sur les lèvres un bonheur à jamais. Certains titres resteront longtemps dans ma mémoire pour leur pureté, comme l'Eclaireur ou Tout va bien.

Continuez encore longtemps à nous en-chanter !

Peau neuve
Paroles et musiques de Thierry Chazelle et Lili Cros
Mise en scène de François Pilon et Fred Radix
Design sonore de Florian Chauvet. Costumes d’Amélie Gagnot
Cine13-Théâtre, 1 avenue Junot, Paris 18ème - 01.42.54.15.12 - www.cine13
À partir du 1er février, les mercredis et vendredis à 19h00, les jeudis et samedis à 21h00 et les dimanches à 18h00
Et du 10 octobre 2017 au 24 avril 2018 les mardi à 20 heures
Ensuite en tournée ... avec une date au Théâtre Victor Hugo de Bagneux (92) le vendredi 15 février 2019 à 20 h 30

La photo qui n'est pas logotypée A bride abattue est de Marylène Eytier

samedi 28 janvier 2017

L'Empereur de Luc Jacquet

On se souvient de la Marche de l'Empereur qui avait ému la France entière il y a douze ans déjà. Revenir sur les écrans avec une suite constituait un challenge. Il est remporté avec finesse et sensibilité par Luc Jacquet qui parvient à nous apprendre de nouvelles choses sur cet animal et surtout à nous captiver pendant un temps qu'on ne mesure pas. L'heure et demi de projection passe très vite.

Ça commence avec des images qu'on jurerait avoir été prises dans le ciel bleu nuit d'un mois d'août crible par un feu d'artifices. Assister aux évolutions marines du manchot est inédit. On le savait bon marcheur. Le voici excellent nageur. Déployant ses minuscules ailes en nageoires d'une efficacité sans égal.

Les éléments prennent des allures de tableau surréaliste. La neige présente une infinie gamme de bleus alors qu'on nous promet une histoire extraordinaire. En fait ce sera la vie simple et sans artifice d'un animal qui lutte pour à sa survie sans faire de bruit.

Mais ce qui est réellement extraordinaire, c'est la manière dont l'équipe a filmé les évolutions des animaux. Je ne voulais même pas chercher à comprendre comment ils ont positionné leurs caméras. Le résultat est formidable et c'est l'essentiel. Je me suis rendue compte depuis que les caméras du réalisateur ne troublaient pas les oiseaux qui ne sont absolument pas farouches pourvu qu'on ne fasse pas de mouvements intempestifs.

Le couple d'Empereur exerce une coparentalité exemplaire. Je veux bien croire que les commentaires donnés par le comédien (très belle voix de Lambert Wilson) y sont pour beaucoup mais tout de même, les faits sont là. L'espèce perpétue les mêmes comportements. La grande différence avec nous humains qui démissionnons de cette mission est que peut être il n'y a pas de marketing pour souffler à l'oreille de ces grands oiseaux que la vie pourrait être plus clémente ailleurs. Et non seulement se plaindre n'est pas de mise mais ils savent à la perfection entretenir l'encouragement d'un frottement de bec ou d'une caresse sur la tête. C'est fou comme ces êtres si malhabiles peuvent être capables d'élégance.
Vue depuis notre fauteuil, leur fourrure tient autant de la plume que du poil. J'aurais aimé connaître par curiosité l'épaisseur de cette doudoune naturelle qui leur permet d'encaisser des températures négatives de moins 60. Par comparaison l'eau proche de zéro degré doit sembler bien chaude. D'ailleurs le plaisir de l'animal effectuant des roulades dans cet élément en témoigne pleinement. Le film pourrait donner des idées de numéro à un dresseur de Marineland (hélas).
Le spectateur se projette malgré lui tant le comportement de l'Empereur prend des allures anthropomorphiques. Cette foire aux célibataires de 7000 individus tapant du pied en Terre-Adélie pourrait aussi donner des idées. 
Le film repose, c'est certain, sur des constatations scientifiques mais on n'abuse pas des informations. On apprend peu de choses du mode de vie de l'animal. Qu'il pêche à une soixantaine de mètres en dessous du niveau de la mer, en apnée, ce qui semble incroyable, qu'il supporte quatre mois de jeûne tout en conservant dans son estomac de la nourriture qu'il régurgitera régulièrement dans le bec de son petit, et que pour étancher sa soif il aspire de la neige s'il n'a pas mieux.
On comprend l'expression bec et ongles avec une intensité nouvelle. Sans de puissantes griffes et un bec aussi long et pointu l'Empereur ne parviendrait pas à avancer sur la banquise n'arriverait à escalader les obstacles qui sont assez gigantesques rapportés à sa taille.

La conclusion est positive : si nous le voulons bien l'instinct de survie les ramènera sur cette bande de l'Antarctique jusqu'à la fin des temps où se déroulera chaque année le départ des poussins Empereur. Pour une fois on nous dispense du discours moralisateur sur le réchauffement climatique ou l'empreinte écologique négative de l'homme.
Voilà un film que l'on apprécie pour ce qu'il est un magnifique hymne à la nature et à la beauté animale. Avec poésie et majesté. À voir en famille pendant les vacances dès sa sortie en salles le 15 février 2017.

Passionné par l’Antarctique, Luc Jacquet n’a jamais cessé, depuis sa première expédition à l’âge de 23 ans, d’y retourner. L'Empereur est sa 3ème réalisation se déroulant en Antarctique après La Marche de l’Empereur et La Glace et le Ciel.  Ecologue de formation, mais pas donneur de leçons, le réalisateur utilise le cinéma "afin de donner une caisse de résonance à des hommes qui produisent une connaissance qui n’est pas entendue". Il a dans ce but fondé l’ONG Wild-Touch, spécialisée sur les questions du développement durable.

Les photos du film sont de Bonne Pioche Productions.

vendredi 27 janvier 2017

Narcisse interprète Cliquez sur j'aime au festival Virtuel.Hom

Le festival Virtuel.Hom du théâtre de Bagneux fut un succès l'an dernier et j'étais très heureuse qu'une nouvelle édition soit organisée en 2017. Il faut vraiment penser à noter cette période dans les agendas parce qu'on ne peut pas passer à coté d'une programmation qui s'intéresse aux réseaux sociaux et aux objets connectés avec autant de pertinence, de qualité ... et même d'humour.

Je n'ai pu assister qu'au tour de chant du slameur Narcisse mais j'ai retrouvé la même énergie que celle qui s'était dégagée en 2016. Beaucoup de jeunes étaient dans la salle et ils ont gravement aimé. C'était un plaisir de le constater.

Sa voix, et son allure font penser à Dominique A. Comme lui, il rêve (et chante) un monde qui pourrait être meilleur.

Musicien, vidéaste, champion de France de slam en 2013, il jongle avec les mots, à l’endroit, à l’envers, il étonne, touche, fait rire et grincer des dents. Sous son air imperturbable, il interagit au millimètre et comme par magie avec les images et l’éclairage de scène. Il se mélange à son écran géant et va jusqu’à s’introduire dans les téléphones des spectateurs, sur lesquels se déroule une minute du spectacle.
On est bluffé par sa maitrise de la technique, mais bien plus que tout cela le sens de la poésie des mots de Narcisse que j'ai apprécié. Il joue des barrières entre physique et numérique, entre l’humain et la machine. Et sa voix grave nous parle de notre monde avec précisément la gravité qui convient, tout en s'autorisant un peu d'humour et de dérision ... en demandant par exemple au public quel chanteur serait capable d'allumer le feu pour mettre une ambiance formidable.
Il apparait en hologramme pour sa première chanson. On le devine à peine alors qu'il scande à la limite de l'hypnose : Dites-moi comment sont vos rêves ... Qui vous vend ces rêves qui sont juste du vent ?

Les images qu'il emploie dans ses clips dénoncent doucement ce monde où il faut toujours être le premier. On reconnait au passage des extraits d'émissions culinaires et de compétitions sportives qui sont regardées par les masses. Mais pour suggérer un monde meilleur ses références sont parfois subtiles comme à la chanson Imagine de Lennon. Plus tard il confiera que les mots sont son armure favorite.
Ne manquez pas cet artiste hors normes s'il passe près de chez vous ... et même un peu plus loin.


Cliquez sur j'aime
Texte, composition et chant Narcisse
Mise en scène Narcisse et Gérard Diggelmann
Guitare Pierre Gilardoni
Costumes Amanda Cagnazzo
Vidéo Narcisse et Halftones
À voir en famille à partir de 12 ans
Vendredi 27 janvier et Samedi 28 janvier 20h30
Théâtre de Bagneux, 14 avenue Victor Hugo - 9220 Bagneux

En tournée ensuite le
11 février 2017 à 19h30 à l'Espace culturel La Traverse, Le Bourget-du-Lac
et le 25 février 2017 à 20h30 à l'Espace 93, Clichy-sous-Bois

La photo qui n'est pas logotypées A bride abattue sont de Thierry Galeuchet

jeudi 26 janvier 2017

Système U supprime une énorme liste de produits controversés

Bon débarras, c'est sur ces mots que le PDG de Système U, Serge Papin, a commencé son discours de bienvenue, à la Recyclerie, un haut lieu du Clic and Collect de la ruche qui dit oui.

L'objectif de la soirée était de faire connaitre l'aboutissement d'une démarche de "nettoyage" du cahier des charges des magasins U. Désormais on ne trouvera plus de substances controversées dans les Produits U sans que cela n'ait bien entendu d'incidence sur la qualité, bien au contraire.

Cela démarche un gros travail car une fois les substances identifiées il faut travailler avec les fournisseurs et leurs service R&D à une nouvelle formulation, et faire des tests avant de lancer la production à grande échelle.

Les produits incriminés étaient représentés sous forme de monstres hideux, parce que leur nom n'est pas toujours connu du grand public.
Il n'y aura pas exemple plus de malathion comme insecticide de stockage, plus de Bisphenol A comme pesticide, plus de glyphosate (un perturbateur endocrinien), plus d'aspartame (dont l'influence dans le déclenchement de cancer est prouvée depuis des années). Le glutamate monosodique, si décrié est lui aussi sur la liste noire, comme l'huile de palme et les matières grasses hydrogénées.
Le débat sur la santé est loin d'être clos. Des personnes estiment que la viande est probablement cancérigène et qu'il faudrait la prohiber. Mais c'est sans doute la manière de la cuire qui est nocive, du moment que la consommation est quantitativement mesurée.

mercredi 25 janvier 2017

Celia Kritharioti enchante la Fashion Week Haute Couture de Paris

Le défilé Couture de Celia Kritharioti pour le printemps-été 2017 fut un enchantement. Elle avait choisi le cadre du Ritz, très fraîchement rénové, pour présenter ses dernières créations.

Même si elle habille Kim Kardashian, je ne me rends pas compte si elle est très connue en France. En tout cas c'est une star dans son pays, la Grèce. Elle possède sa propre maison de couture au cœur de la Plaka au centre d'Athènes, là où l'histoire rencontre le mythe et stimule probablement son imagination.

Cela étant la France est sans doute aussi une terre d'influence parce qu'on aurait pu se croire cette  fin après-midi dans une allée de la roseraie de Bagatelle, où se seraient donné rendez-vous des jeunes filles échappées d'un roman de Marcel Proust.
Les tissus couleur dragé sont sublimes, rehaussés de plumes légères, de dentelles fleuries et de strass. Des boucles forment des noeuds élégants. Des franges suivent les mouvements du corps. Des basques allongent la taille. La musique de Roisin Murphy - Ancora Ancora Ancora ( Severino & Nico De Ceglia )
Des soutaches torsadés soulignent les coutures. Des jours brodés assurent une autre forme de transparence avec délicatesse. Les femmes sont dénudées sans offenser la pudeur.
Les lignes sont près du corps sans jamais l'engoncer. La silhouette de la femme elle-même devient une fleur.

Les détails sont raffinés et discrets. C'est parfois une fine ceinture argent qui marque la taille. Et cette idée-là on a toutes envie de l'adopter.

Le final est somptueux.

mardi 24 janvier 2017

Rimbaud/Verlaine, Éclipse totale

Rimbaud Verlaine  - Eclipse totale est une pièce puissante qui mérite le détour. Ecrite par Christopher Hampton alors qu’il n’avait que 22 ans, elle a été jouée dès 1968 dans de nombreux pays et surtout portée à l’écran par Agnieszka Holland avec Leonardo di Caprio, David Thewlis et Romane Bohringer.

Il était temps que la pièce soit enfin traduite en français, estime Isabelle qui rend hommage à Didier Long d’avoir pris ce texte à bras le corps dans une adaptation très émouvante. Le spectacle a été créé le 7 juillet 2016 à La Condition des Soies (Festival d’Avignon). Il est à l'affiche du Poche Montparnasse depuis le 13 janvier.

Paris, septembre 1871, Paul Verlaine accueille chez lui le jeune Arthur Rimbaud, 17 ans, après avoir découvert ses premiers poèmes et la précocité de son génie. Sous les yeux de son épouse Mathilde, une des liaisons les plus passionnées et sulfureuses de l'histoire de la littérature va naître jusqu'à l'embrasement.
 La confrontation de ces deux génies à fleur de peau, permettra la création de certaines des plus belles œuvres littéraires de référence.

Les éléments scénographiques sont peu nombreux et uniquement utiles à l’action car le plateau est petit au Poche Montparnasse et les acteurs prennent tout l’espace par l’intensité de leur jeu. Didier Long signe l'adaptation et la mise en scène. Il est Paul Verlaine et a choisi deux autres comédiens avec lesquels il a déjà travaillé.

Mathilde (Jeanne Ruff), épouse de Verlaine est une beauté diaphane au ventre arrondi par sa future maternité. Elle attend son mari parti chercher Arthur Rimbaud à la gare. Mais ce dernier n’est jamais là où on l’attend et le voilà qui pénètre seul sans prévenir et en haillons dans cette demeure bourgeoise où tout est calme et propre.

Julien Alluguette incarne à la perfection ce jeune homme flamboyant, irrespectueux dont se dégage une sensualité animale impossible à domestiquer. Si Mathilde se sent vite mal à l’aise envers le nouveau protégé de son mari, ce n’est pas le cas de Verlaine qui est fasciné par la force vitale qui habite Rimbaud.

Une complicité poétique nait très vite alors que les deux poètes rivalisent à la petite table où chacun écrit fébrilement des vers. Mais Verlaine ne comprend pas pourquoi Rimbaud refuse de lui lire ses poèmes : Vous ne pensez pas que les poètes ont à apprendre les uns des autres ?, ce à quoi Rimbaud répond : Les mauvais poètes, sans doute !

Verlaine est désarçonné par l’assurance et la brutale franchise du jeune homme. Mais c’est en même temps ce qui l’attire. Les deux hommes ne tarderont pas à tomber amoureux. Cette passion est cependant déséquilibrée. Rimbaud ne se sent aucune obligation envers quiconque : Quand nous aurons tiré l’un de l’autre le meilleur, nous nous séparerons et nous poursuivrons chacun notre route.

Il est souvent dur et ironique avec Verlaine, le poussant à abandonner sa famille au point qu’on a vraiment l’impression que le bonheur de Verlaine est le cadet de ses soucis. Il lui fait parfois sentir qu’il est vieux et laid. L'exaltation de sa jeunesse va de pair avec une forme d'égoïsme et de cruauté. Le monde lui appartient : Les autres écrivains se regardent dans le miroir ils se contentent de ce qu’ils voient et ils le couchent par écrit. Moi je m’évertuerai à chercher un miroir derrière le miroir pour découvrir sans cesse d’autres perspectives de moi-même.

Verlaine souffre de ce décalage. Didier Long joue magnifiquement un personnage déchiré, se saoulant à l’absinthe pour supporter la vie. Le comédien opère un crescendo dans la misère, entre rire tragique, perte d’équilibre et paroles comateuses provoqués par un état d’ébriété de plus en plus fréquent. Il se laisser alors aller à la violence avec sa femme et son fils qu’il aime pourtant profondément, puis ensuite le regrette  amèrement. Le reste du temps, c’est un être hésitant entre son devoir et ses désirs, prisonnier d’une douleur de vivre à l’origine de ses plus beaux vers.

Durant deux ans, les deux hommes vont s’apporter mutuellement mais aussi se détruire jusqu’à ce fameux jour de juillet 1873 où Verlaine tentera de tuer Arthur d’un coup de révolver. Verlaine écope de deux ans de prison et Rimbaud après avoir écrit Une saison en enfer renoncera à tout jamais à l’écriture à l’âge de 20 ans.

La tension est contagieuse. On sort du spectacle habité par la flamme des comédiens et en soif de poésie pour apaiser nos âmes…

 Rimbaud/Verlaine, Éclipse totale de Christopher Hampton
Adaptation et mise en scène : Didier Long (qui signe aussi les costumes)
Avec Julien Alluguette (Arthur Rimbaud), Didier Long (Paul Verlaine) et Jeanne Ruff (Mathilde Verlaine)
Musiques : François Peyroni
Décors : Jean-Michel Adam
Lumières : Denis Koransky
Au Théâtre de Poche-Montparnasse
75 Boulevard du Montparnasse, 75006 Paris
Du mardi au samedi à 21h

Photo Guillaume Niemetzky

lundi 23 janvier 2017

Pour que rien ne s’efface de Catherine Locandro

Je "suis" l'écriture de Catherine Locandro depuis quelques années et je remarque qu'elle a creusé un sillon avec détermination. Ses romans sont toujours construits autour d'un personnage de femme dont la personnalité se découvre en adoptant un autre point de vue que celui de l'héroïne. Et je vous recommande autant Histoire d'un amour ou Face au Pacifique.

Pour que rien ne s'efface commence par la fin : une femme de soixante-cinq ans est retrouvée morte dans un studio parisien. La défunte est pourtant loin d’être une inconnue. Mais qui se souvient d’elle ?

Ce récit à rebours dessine les contours d’une vie, comblant les vides et les silences. À travers douze témoignages – une gagnante du loto, un voisin et ami, ou encore un amant à jamais blessé –, Catherine Locandro, en détective, retrace l’itinéraire d’une icône du cinéma déchue. Elle rembobine le fil de l’existence de l’actrice, succession de rencontres, d’évitements et de hasards, jusqu’à sa naissance sur la Côte d’Azur, au  Cannet. Le lecteur est convié à suivre un requiem élégant, à la beauté cruelle, qui fixe magnifiquement le portrait de Lila Beaulieu.

Paul, Alphonse, Charles, .... et les autres vont, chacun avec leur sensibilité et en fonction du lien qu'ils ont eu avec elle, tenter de comprendre le mystère de cette femme si belle, dont peut-être l'inaptitude au bonheur mérite d'être analysée. Les indices sont distillés au fil des témoignages à un lecteur qui ne cesse de se poser des questions. Le cinéma est-il le lien qui unit les personnages ? Peut-on être différent à la ville et à l'écran ? Se faire tatouer un prénom à l'intérieur du poignet est-il une preuve d'amour ? Serait-on davantage vivant sur Facebook que dans la vraie vie ? Et surtout, Lila Beaulieu a-t-elle vraiment existé ? 

Pour que rien ne s'efface est un livre sur le souvenir. A l'instar du précédent, l'auteure excelle dans les portraits de femme au destin tragique et de la trace que l'on laisse derrière soi. Ses romans ne sont jamais très légers mais celui-ci encore moins que les autres, à la frange du roman noir. On pensera à d'autres célébrités pour lesquelles une piscine ou une grossesse aura été fatale (Marie-France Pisier, Marilyn Monroe, Jean Seberg).

Pour Catherine Locandro il ne fait pas de doute que c'est le rôle des survivants de se souvenir. C'est vrai et c'est juste. Cependant on peut s'émouvoir du parcours de certaines personnalités qui sont davantage aimées après leur disparition et qui traversé des années de solitude effroyable.

Pour que rien ne s’efface de Catherine Locandro, chez Héloise d'Ormesson, en librairie le 12 janvier 2017

dimanche 22 janvier 2017

Big Fernand s'implante de l'autre coté du périphérique ... à Montrouge

J'ai voulu aller voir de mes yeux, et gouter par moi-même, le phénomène Big Fernand. Un nouvel établissement s'ouvrait en banlieue sud. C'était l'occasion. Et comme il faisait un froid de canard ce matin je me suis coiffée d'un béret, sans même me rendre compte que j'allais être "raccord" avec l'esprit qui anime la marque.

On est accueilli sur le pas de la porte, en extérieur, même par des températures extrêmes, et c'est rudement sympathique. Le credo est d'ailleurs la satisfaction client tout au long du processus.

La marque a été créée il y a cinq ans trois jours m'explique Eric, qui est le patron de l'Atelier de Montrouge. Le premier a ouvert dans le 9ème arrondissement, 55 rue du Faubourg Poissonnière sous l'impulsion de trois gars qui avaient envie de proposer un burger gourmet et 100 % français.

Steve (Burggraf), Alexandre (Auriac) et Guillaume (Pagliano) ont tracé cette voie et ce sont désormais vingt-trois villes françaises qui sont couvertes, plus Dubaï, Hong-Kong et Londres, composant un réseau associant succursales ou franchises, la formule est un peu différente. Ils ont choisi le nom de Fernand pour sa sonorité fleurant bon le terroir français. La marque a tout de suite reposé sur la qualité de produits français et sur la fabrication sur place.
De fait, à peine la commande passée, le client voit s'activer les cuisiniers qui la préparent sous nos yeux. Il n'y a bien entendu pas de congélateur. La viande est hachée à la minute mais tout va quand même très vite car le dispositif est bien rodé.
 
On est dans le domaine de la restauration rapide mais avec une cuisson adaptée au goût de chacun. Le niveau de cuisson est demandé à la commande, bleu, saignant, bien cuit. On règle et on emporte (la vente à emporter du soir peut s'inscrire dans un rituel. Elle représente environ 20%) ou on se régale sur place dans la salle voisine dans un décor chaleureux. Voilà pourquoi le bois est massif, l'acier brillant présent, et la couleur noire plutôt chic.

samedi 21 janvier 2017

Moi et François Mitterand

François, Jacques, Nicolas, ... encore François ... tous auront été les correspondants d'un fan d'un genre particulier, uniquement focalisé sur la présidence de la République. Après avoir cartonné au Théâtre du Rond-Point le spectacle s'installera à partir du 25 janvier à la Pépinière. Second mandat en quelque sorte en reconnaissance du succès.

A quelques semaines des élections, et alors que les français ne parviennent pas à fixer leur choix, la pièce imaginée par Hervé le Tellier est à prendre pour ce qu'elle est, une occasion de nous distraire tout en pointant quelques travers dans la pratique de la langue de bois.

L'auteur n'a pas hésité à donner au héros son propre prénom. Il est mathématicien de formation et membre de l'Oulipo. Grand prix de l'humour noir en 2013 pour ses Contes liquides, il a écrit romans, poèmes, nouvelles, billets pour Le Monde et est l'un des Papous dans la tête de France Culture.

Il a écrit plusieurs romans dont les derniers ont été chroniqués ici.
Hervé, homme simple, écrit au président de la République. Nous sommes en 1983, le secrétariat de François Mitterrand lui répond, et cela ressemble à une lettre-type : "Vos remarques seront prises en considération". Pour Hervé, une amitié naît, une correspondance débute. Il raconte au premier commis de l'Etat sa séparation d'avec Madeleine, ses vacances à Charleville-Mézières ... et surtout il ne censure pas ses conseils.
Olivier Broche, vu récemment au Rond-Point dans L'Or et la Paille de Barillet et Grédy, membre des Deschiens de Deschamps-Makeïeff, incarne l'homme qui se sauve d'une existence ordinaire en s'inventant une place dans l'Histoire avec un H majuscule. Il interprète tout en finesse un type ordinaire dont la passion n'est peut-être pas aussi simple qu'il y parait.

Le décor, très simple, révèlera la faille in extremis. Le public rit beaucoup. Cela fait du bien et après avoir été donné au théâtre du Rond-Point le spectacle poursuivra sa carrière à la Pépinière.


Moi et François Mitterand de Hervé le Tellier
Avec Olivier Broche
Mise en scène de Benjamin Guillard
Scénographie Jean Haas
A partir du 25 janvier 2017
du mardi au samedi à 19h
puis à partir du 1er mars 2017
du mercredi au samedi à 19h et dimanche 15h
Théâtre de la Pépinière 7 Rue Louis le Grand - 75002 Paris

Le texte "Moi et François Mitterrand", a été publié aux éditions Jean-Claude Lattès

Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Giovanni Cittadini Cesi

vendredi 20 janvier 2017

Dans la nuit de Rungis

Passer une bonne partie de la nuit à Rungis faisait partie des expériences que j'avais envie de vivre. Alors quand Christian Etchebest m'a proposé de visiter le Pavillon de la marée j'ai tout de suite coché la date dans mon agenda. C'était le jour de l'inauguration de son dernier restaurant et je ne reviendrai pas sur son décor, tout a déjà été écrit.

Si le pavillon des produits laitiers est ouvert de 5 heures à 13 heures du lundi au vendredi celui des produits de la mer démarre à 2 heures et son activité se poursuit jusqu'à 7 heures du mardi au samedi. Nous étions quelques jours avant Noël et l'excitation régnait dans les allées.

Nous n'allions pas arpenter les (froides) allées le ventre vide. Nous avons donc démarré la soirée en nous restaurant ... de poissons cela va de soi, et surtout issus de la pêche française.
Pour commencer, de gigantesques bulots, fondants, dont je verrai de magnifiques spécimens quelques heures plus tard. Il n'y a que dans les Cantines de Christian que je me régale de ces coquillages que je trouve caoutchouteux ailleurs.
Question de cuisson ou d'approvisionnement ? Ceux là venaient de chez Demarne, grossiste et marayeur depuis 1929. Et Stéphane Bertignac les a préparés à la perfection. Le "frère de cœur et ami de 15 ans", ancien chef adjoint de Christian Le Squer au Ledoyen, est en effet aux commandes de cette dernière cantine.
Tout comme les couteaux en sauce vierge, autre grande spécialité de Christian, qui a influencé les chefs à l'inscrire sur leurs cartes.
Suivra une très belle assiette où la coquille Saint Jacques, aura été simplement déposée sur un yaourt au citron. Quelques œufs de hareng apportaient une touche festive et l'aneth une note verte. Le piment d'Espelette, c'est la touche Etchebest.
Pendant que nous dégustions, les cuisiniers anticipaient le déjeuner du lendemain en sortant du four ces pâtés de canard de Barbarie.
 
Un merlu simplement assaisonné d'une sauce tomate parfaite a suivi.
La note sucrée a été jouée par la tarte au chocolat.
Nous avons levé le camp pour affronter la nuit (assez froide) du plus grand marché de produits frais au monde. Vous me suivez ?

Articles les plus consultés (au cours des 7 derniers jours)