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mardi 12 septembre 2017

Mon autopsie de Jean-Louis Fournier, chez Stock


Quand on connait Jean-Louis Fournier on devine que ce n'est pas vrai : il est tout le contraire d'un mort mais il le fait très bien. C'est pas le pire qui pouvait m'arriver, écrit-il avec l'ironie qui le caractérise tant.

L'écrivain a eu l'excellente idée de poursuivre ses récits autobiographiques en fictionnant celui-ci à une hauteur vertigineuse. Il se place au-dessus de tout, y compris de lui-même pour parler de ce qui le préoccupe et du monde qui nous entoure.

Pour cela il a inventé le personnage d'Egoïne, une femme médecin légiste chargée de pratiquer son autopsie, ce qui l'occupera pendant plusieurs jours.

Il nous retrace les péripéties que son corps, désormais à la merci du bon vouloir de la jeune (et très belle) médecin. Avec une plume alerte et impertinente comme il sait le faire depuis toujours.

J'ai lu le livre en format numérique et ai pris quelques notes (on dit signets) au fil des écrans mais lorsque j'ai voulu revenir dessus pour ponctuer cette chronique d'extraits, comme je le fais toujours, j'ai eu la désagréable surprise de constater que la session avait expiré.

J'ai eu quelques instants l'envie de me livrer à l'autopsie de mes souvenirs. Ma mémoire flanche un peu. Je me rappelle malgré tout combien le supplice dure, pour notre plus grand plaisir, à nous lecteurs. Car Egoïne découpe avec lenteur, tout en continuant à mener une existence que l'auteur s'efforce de deviner. Il n'a pas grand chose d'autre à faire, dans son état.

On se laisse porter. On ne souffre pas pour lui puisqu'il semble prendre beaucoup de plaisir à se faire charcuter. On en apprend davantage sur les femmes qu'il a eu dans la peau, sur ce qui a pu lui faire mal au ventre, comment il a rempli son cerveau.

C'est sérieux et grave à la fois. Honnête (il ne cache pas ses déroutes et ses déceptions, par exemple en terme de réalisateur de film, et bien sur l'existence de ses enfants handicapés, qui avaient été au centre de Où on va papa ? il y a quelques années). Plutôt complet (il n'élude pas sa passion pour les voitures de course, son rapport à l'argent et sa conception de la liberté). C'est drôle ... évidemment.

On se demande malgré tout quelle pirouette l'écrivain est en train de danser pour faire preuve à ce point d'autodérision. On souhaite vivement que ce ne soit pas la dernière.

Mon autopsie de Jean-Louis Fournier, chez Stock,  en librairie le 30 août 2017

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